Le sommet de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) à La Haye (Pays-Bas), qui s’est achevé mercredi 25 juin, a entériné une volonté commune de rééquilibrer l’Alliance, alors que Washington redéfinit ses priorités stratégiques. L’ambivalence du président Donald Trump – entre scepticisme affiché et engagement mesuré – pousse l’Europe à repenser son rôle au sein de l’OTAN. L’objectif de porter les dépenses de défense à 5 % du produit intérieur brut d’ici à 2035 marque une inflexion majeure, mais reste largement hors de portée face aux contraintes nationales. Ces engagements croisés – américains sur l’article 5 qui régit la solidarité entre Etats, européens sur l’investissement – interrogent leur soutenabilité à long terme.

La déclaration finale du sommet reflète les hésitations d’une Amérique tentée de relâcher son engagement en Europe, tout en maintenant les fondements de l’Alliance. Washington arbitre ses engagements tant sur le plan industriel que politique face aux crises, comme l’illustre le recentrage de capacités antidrones, initialement destinées à l’Ukraine, vers Israël. Dans ce contexte de recomposition stratégique, le German Marshall Fund [un groupe de réflexion américain présidée par l’autrice de cette tribune] propose une feuille de route articulée autour de cinq recommandations pour renforcer et rééquilibrer l’Alliance à l’horizon 2030.

L’Europe doit, en coordination étroite avec Washington, amorcer une transition vers un partage des responsabilités de sécurité à hauteur de 70 % pour l’Europe et 30 % pour les Etats-Unis d’ici cinq ans. Cela suppose un leadership politique accru des Européens au sein de l’OTAN et une prise en charge renforcée de la défense conventionnelle du continent, tandis que les Etats-Unis maintiendraient leur parapluie nucléaire et une présence militaire adaptée.

Pour obtenir le soutien de Washington, les Européens devront recentrer leurs demandes sur un nombre restreint de capacités critiques – nucléaire et haute intensité conventionnelle –, tout en démontrant des avancées tangibles sur les budgets de défense. Les engagements du sommet de La Haye devront donc se traduire en investissements réels et durables.

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