Dans un monde régi par des règles, l’Union européenne (UE), elle-même fondée sur le droit, pouvait jouer un rôle agrandi, supérieur à ce que justifiait son poids démographique, économique ou militaire. C’est grâce à ce soft power que l’UE a pu exporter ses règles en matière de protection des données, d’organisation des plateformes, ou encore de concurrence.

Ce n’est plus vrai dans un monde où « la force fait la loi » (« Might is right », comme le dit l’allitération anglaise). Or, c’est dans ce monde de puissances que nous avons brutalement basculé avec l’élection du président Donald Trump. Les prémices de cette mutation étaient certes perceptibles de longue date, mais le changement de philosophie d’un pays qui est encore la première puissance mondiale l’a soudainement précipitée.

L’Europe en a évidemment pris conscience. Les conclusions du Conseil européen (qui réunit les chefs d’Etat et de gouvernement) de mars soulignent ainsi que « l’Europe doit devenir plus souveraine, assumer une plus grande responsabilité en ce qui concerne sa propre défense et être mieux à même (…) de faire face de manière autonome aux menaces et aux défis immédiats et futurs ». Et, dans une allusion au nouveau pouvoir américain, elle annonce une « approche à 360 degrés » de ces menaces.

Urgence sur la défense

Les mots témoignent ainsi d’un changement d’attitude. Mais qu’en est-il des actes ? Sur la défense, il y a aujourd’hui, chez les dirigeants européens, un vrai sens de l’urgence. Tous savent que la visée de Vladimir Poutine est de recréer l’espace soviétique et tous redoutent une agression qui pourrait, à tout le moins, prendre la forme d’une guerre hybride contre les Etats baltes. Tous savent qu’après la fin de la guerre en Ukraine la Russie aura intérêt à presser le mouvement pour profiter du hiatus entre protection américaine et future protection européenne. Les Vingt-Sept et le Royaume-Uni viennent d’ailleurs de conclure un partenariat de sécurité et de défense.

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