Ces temps-ci, au « brouillard de la guerre » s’est ajouté le « brouillard de la diplomatie ». Il est inutile d’essayer de démêler les impulsions confuses de l’administration Trump. Nous devons prendre pied sur le seul terrain solide à notre disposition : les objectifs russes – d’autant plus que c’est toujours de ce côté que bascule le président américain. Là, les choses sont claires. L’économie russe est en train de sombrer à un rythme accéléré.

Militairement, la Russie progresse, mais pas assez vite pour gagner la course avec le naufrage économique. A Moscou, on a une longue mémoire. On se souvient que la plupart des agrandissements territoriaux de l’Empire russe ont été réalisés avec la complicité et l’aide d’une ou de plusieurs puissances étrangères : dans le sillage de la Prusse et de l’Autriche pour le partage de la Pologne en 1772 ; en s’entendant avec la Turquie pour la reconquête des Etats caucasiens en 1920-1921 ; en s’appuyant sur l’Allemagne pour la reconquête des Etats baltes et l’annexion de la Galicie (pacte Ribbentrop-Molotov, signé en 1939). Pourquoi ne pas avoir recours à Donald Trump pour soumettre l’Ukraine ?

L’outil militaire est toujours un pis-aller aux yeux des hommes du Kremlin. Ils préfèrent de loin la manipulation et la subversion. Et c’est là qu’ils excellent, à cause de l’ignorance occidentale des méthodes de projection de puissance russes, pourtant toujours identiques. Outre la cooptation d’un complice étranger, la deuxième caractéristique de l’expansion russe est la tactique du salami. La Russie débite sa victime en tranches (on l’a vu avec l’Ukraine : d’abord la Crimée, puis le Donbass…) ; la première tranche acquise, elle passe à la deuxième, puis à la troisième.

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Les propositions russes à Steve Witkoff [envoyé spécial du président américain, qui s’est rendu en Russie le 6 août] illustrent ce procédé. Vladimir Poutine exige des Etats-Unis que ceux-ci, en préalable à une hypothétique négociation en vue d’un cessez-le-feu, forcent les Ukrainiens à évacuer les parties de la région du Donetsk qu’ils contrôlent encore, et qui sont les lignes fortifiées les plus solides du front ukrainien ; le tout en échange d’un bout de territoire symbolique dans la région de Soumy.

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