Depuis le 20 janvier, le président américain, Donald Trump, a promulgué une soixantaine de décrets (executive orders) qui couvrent une gamme étendue de sujets – de l’expulsion en masse des immigrés clandestins à la refonte de la politique familiale et à la redéfinition de la politique énergétique. Leur trait commun est qu’ils visent à ouvrir une nouvelle ère pour l’Amérique et pour le monde. Le radicalisme de leur ambition est sans précédent depuis des décennies. Même Ronald Reagan, élu en 1980, s’était montré plus mesuré.

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Les menaces sur le Groenland et la volonté de reprendre possession du canal de Panama, vingt-cinq ans après la rétrocession de celui-ci, témoignent parallèlement du fait que Donald Trump ne se sent lié par aucune norme internationale et qu’aucun accord, même formellement ratifié, ne fait à ses yeux obstacle à l’affirmation de la puissance américaine. Pour lui, « America first » doit s’entendre au sens strict.

Face à ce déchaînement spectaculaire, l’Europe est tétanisée. Comme des lapins éblouis par les phares d’une voiture, les chefs d’Etat et de gouvernement se sont agités en tous sens, incapables qu’ils étaient de s’accorder sur une réponse coordonnée. Même la menace d’une prise de contrôle du Groenland – pourtant formellement partie de l’Union européenne – n’a pas, jusqu’ici, suscité de réponse commune.

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Cette semaine, la Commission a publié un projet de « boussole de compétitivité » présenté comme une réponse aux initiatives de Donald Trump. Si la volonté doit être saluée et si certains projets – union de l’épargne et de l’investissement, statut commun pour les start-up innovantes, simplification réglementaire – vont dans le bon sens, il est excessif d’y voir une « réponse à Trump ».

Comportement de prédation

Outre qu’il ne s’agit, à ce stade, que d’orientations, et non d’une décision commune, les propositions formulées dans ce texte relèvent pour la plupart de la mise en œuvre de recommandations issues des rapports d’Enrico Letta (avril 2024) et de Mario Draghi (septembre 2024). L’élection de Donald Trump et ses premières décisions ont probablement joué un rôle d’accélérateur. Mais la plupart des propositions auraient été identiques si Kamala Harris occupait le bureau Ovale.

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