Le Parti démocrate, parti multiculturel par excellence, est souvent décrit comme une « coalition des minorités ethniques » avec des Blancs progressistes, résidents des grandes villes des Côtes est et ouest des Etats-Unis, auxquels s’agrègent les éléments les plus progressistes et le plus souvent syndiqués de la classe ouvrière.

Cette coalition est aujourd’hui sérieusement fragilisée : une bonne partie de la classe ouvrière – atteinte par les crises économiques, la désindustrialisation du Midwest – a quitté le Parti démocrate pour rejoindre le Parti républicain. Le phénomène est ancien : Richard Nixon, dès les années 1960, réussissait déjà à séduire les ouvriers de l’industrie du bâtiment. Plus récente et plus inquiétante pour la candidature de Kamala Harris à l’élection présidentielle de 2024 est la lente désaffection des populations « ethniques » dans les Etats pivots, qui vont faire l’élection au collège électoral. D’après les derniers sondages, cette désaffection est faible – quelques points de pourcentage –, mais suffisante pour faire basculer l’élection, si le succès se joue à quelques milliers de voix.

Les signes de l’érosion du vote noir sont multiples. En 2020, 92 % des électeurs afro-américains soutenaient Joe Biden. Aujourd’hui, d’après un sondage publié le 13 octobre dans le New York Times réalisé avec l’universaité Siena College, 78 % seulement des électeurs probables montrent une préférence pour Kamala Harris, contre 15 % pour Donald Trump. A noter l’importance du gender gap : d’après la même source, 83 % des femmes noires favorisent Harris, contre 12 % Trump, mais seulement 70 % des hommes noirs expriment la même préférence, alors que 20 % préfèrent Trump. Ces derniers, d’après d’autres enquêtes, et surtout les plus jeunes d’entre eux, ne prenaient pas au sérieux les propos racistes et conspirationnistes de Trump, et les trouvaient plutôt « amusants », en phase avec la culture hip-hop et le rap, si appréciés par cette catégorie d’électeurs.

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Les supporteurs afro-américains du candidat républicain réunis au sein du « Black Men for Trump Advisory Board » affirment, dans une lettre, qu’il faut bien comprendre que leur vote n’a rien de communautariste : « Les Noirs américains ne constituent pas un bloc monolithique, et notre vote n’est pas prédéterminé simplement parce qu’un candidat nous ressemble. »

Une certaine culture machiste

Même érosion du vote hispanique, relevé entre autres par le même sondage du New York Times : 56 % des électeurs hispaniques potentiels se disent favorables à Harris, contre 37 % pour Trump. En 2020, Biden était soutenu par 59 % des électeurs hispaniques. L’écart de 3 points est faible mais notable ; il est plus prononcé au sein des Etats pivots. Une certaine culture machiste explique, en partie, cette érosion, surtout chez les jeunes hispaniques dont la majorité reste indifférente aux propos xénophobes du candidat Trump. Le vote hispanique est moins monolithique encore que le vote noir, et les électeurs d’origine mexicaine de deuxième ou troisième génération ont peu de sympathie pour les nouveaux « sans-papiers », originaires du Guatemala, du Honduras ou du Venezuela.

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