La mine à ciel ouvert de l’usine de lithium de la multinationale française Imerys à Echassières (Allier), le 17 janvier 2024.

De quels métaux la France aura-t-elle besoin, et en quelles quantités, pour transformer son système énergétique et sortir des énergies fossiles à l’horizon 2050, comme elle s’y est engagée ? Est-elle sûre d’avoir accès à ces ressources, et dans quelle mesure pourrait-elle contribuer à leur production et à leur transformation ? Le pays, à l’instar du reste du monde, est confronté à ces questions urgentes.

Pour déployer des technologies bas carbone, la France va avoir recours à davantage de métaux. Parmi eux, le cuivre, indispensable à la fois au système électrique (énergies renouvelables et nucléaire, batteries, réseau) et à de nombreux autres secteurs (transports, bâtiments ou télécommunications). Selon le gouvernement, le pays aura besoin de quelque 40 000 tonnes par an, d’ici à 2040, « pour atteindre les objectifs de déploiement d’éoliennes, de panneaux solaires et de réseaux électriques ». L’aluminium devrait également être de plus en plus utilisé pour « alléger » les véhicules, fabriquer les boîtiers des batteries ou encore pour le réseau électrique.

D’autres « petits métaux » sont aussi particulièrement recherchés. C’est le cas notamment du lithium, du cobalt et du nickel, utilisés dans les batteries. Concernant le lithium, l’Agence de la transition écologique (Ademe) estime que les besoins s’établissent d’ici à 2050, selon ses différents scénarios de transition énergétique, entre 300 % et 800 % de la consommation française actuelle, uniquement pour le secteur de la mobilité.

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« La France pèse environ 2 % du produit intérieur brut mondial, or nos besoins en lithium pour les batteries pourraient représenter 10 % de la production globale. Cela va donc entraîner des tensions et une compétition, soit entre différents secteurs, soit entre différentes régions géographiques », observe Julien Dezombre, expert ressources au sein de la direction économie circulaire de l’Ademe.

Mesures de facilitation

« En l’état, ça ne passe pas, insiste aussi Emmanuelle Ledoux, directrice générale de l’Institut national de l’économie circulaire. Nous n’avons pas les filières disponibles pour sécuriser l’approvisionnement en lithium et en cobalt nécessaire pour opérer la transition vers les véhicules électriques d’ici à 2035. Il faudrait que 8 % de la production annuelle de cobalt soit pour la France ! La question peut être résolue si on se la pose maintenant, mais il y a encore une peur de regarder l’enjeu en face. »

Ces dernières années, le gouvernement a posé de premières briques en vue de ce qu’il qualifie de « renouveau minier » en France. Un inventaire des ressources minérales, le premier depuis les années 1990, a été lancé. Réalisé par le Bureau de recherches géologiques et minières, il doit aboutir d’ici à cinq ans. Et un Observatoire français des ressources minérales pour les filières industrielles (Ofremi) a été créé.

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