Dans les années 1960, avec l’arrivée de la télévision, la fréquentation des salles passe de 411 millions d’entrées en 1957 à 203 millions en 1968, avant que la création des complexes ne stoppe cette érosion. Années 1980 : arrivée de la vidéo et de Canal+, les cinémas dégringolent à 116 millions d’entrées, mais retrouvent les 201 millions en 2009, grâce aux multiplexes, au travail des indépendants, au soutien des pouvoirs publics et des collectivités.

Mais 2025 accuse un nouveau décrochage historique : un million d’entrées perdues par semaine sur les huit premiers mois par rapport à 2019. La prévision annuelle avoisine les 155 millions, soit, au minimum, − 20 % par rapport à l’avant-Covid-19. En 2024, la place des films français sur la part de marché du cinéma hexagonal masquait un effondrement du cinéma américain en France : − 37 % par rapport à la période 2015-2019. La baisse conjoncturelle d’après-Covd-19 s’impose comme un phénomène structurel.

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Cela était-il prévisible ? Oui, assurément. La génération cinéphile, « à l’ancienne », entre ciné-clubs, Cahiers du cinéma et « Monsieur Cinéma », vieillit et s’amenuise. L’art et essai s’en trouve fragilisé. Surtout, depuis 2014, on assiste à une explosion de l’offre par les plateformes, à une progression spectaculaire de leurs abonnés et à un bouleversement des comportements. Dans les repas de famille ou les dîners en ville, le cinéma a perdu de sa superbe. Ce sont désormais les séries qui ont la cote, d’autant plus que les plateformes n’en finissent pas de débaucher les talents, à l’instar d’Omar Sy, d’Alain Chabat ou de Spike Lee, diminuant le potentiel des salles.

A ce jour, les réactions de la filière et des pouvoirs publics ne sont pas à la hauteur de la situation. Si les cinémas gardent trois atouts – exclusivité pour une période limitée des films cinéma, grand écran et dimension collective de la sortie –, ceux-ci ne sont plus suffisants. Face aux plateformes qui proposent une avalanche de titres et une utilisation sur de multiples supports avec une souplesse inédite dans les usages, les films et les salles se doivent de proposer des « petits trucs en plus », ces valeurs ajoutées qui déclencheront la sortie au cinéma.

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