Le ministre de la justice, Gérald Darmanin, souhaite faire payer aux détenus une partie des frais d’incarcération : « Un montant qui soit symbolique, mais important, pour qu’on arrête avec une sorte de laxisme qui existe dans nos prisons françaises », a-t-il déclaré, lundi 28 avril, au « 20 heures » de TF1. Qui paiera et combien ? Nul ne le sait encore. Le garde des sceaux a simplement précisé que cette mesure ne concernerait pas les indigents, ni les personnes placées en détention provisoire.

Exclure les « indigents » de cette contribution semble plutôt raisonnable : l’Observatoire international des prisons (OIP) rappelle que, « en 2002, un rapport sénatorial estimait qu’il fallait 200 euros mensuels pour vivre décemment en prison. Vingt ans plus tard, on estime à 20 % la part de personnes détenues vivant avec moins de 50 euros par mois, et ce alors que les prix ont augmenté de 30 % ».

Le fait de ne pas faire payer non plus les détenus provisoires paraît tout aussi normal dès lors qu’ils demeurent présumés innocents et qu’il serait donc particulièrement injuste de « taxer » des personnes potentiellement emprisonnées à tort, et qui seront d’ailleurs indemnisées par l’Etat pour cette détention, si elles sont innocentées au terme de la procédure.

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Quant à évoquer le « laxisme qui existe dans nos prisons françaises », cela est assez malvenu quand on sait que, là encore d’après l’OIP, moins d’un détenu sur six parvient à s’inscrire dans un cursus de formation professionnelle et seuls 30 % des prisonniers travaillent. En cause ? La faible rémunération (entre 25 % et 40 % du salaire minimum), sans doute peu incitative, mais surtout le manque cruel de places disponibles. Certains détenus sont aussi exclus, de fait, de toute possibilité de travail ou de formation en raison de leur profil ou de leur statut (individus incarcérés pour des faits criminels, prisonniers particulièrement signalés, etc.).

D’autres pistes possibles

L’idée n’est pourtant pas nouvelle : ces « frais d’entretien » ont existé jusqu’en 2003, avant d’être supprimés par un amendement du sénateur de l’Essonne Paul Loridant (Mouvement républicain et citoyen), lors de la discussion sur la loi d’orientation et de programmation pour la justice de 2002.

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