Au milieu du XXe siècle, la France a ouvert la voie et donné l’impulsion à la greffe rénale et, en particulier, à partir de donneur vivant. Au début des années 2000, l’élan semble s’être fortement ralenti et l’esprit d’innovation, le courage et l’audace des pionniers de la transplantation rénale achoppent sur des gouvernances hospitalières qui ont de plus en plus de difficulté à prioriser les activités liées à la greffe.

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La greffe rénale avec donneur vivant n’apparaît plus comme un moteur du progrès pour nos patients. Notre pays est aujourd’hui en effet relégué au milieu du peloton européen, derrière les Pays-Bas, la Suisse, le Royaume-Uni et la Suède. Au Royaume-Uni, par exemple, on en réalise quasiment deux fois plus qu’en France, pour le même nombre d’habitants ; une contre-performance qui interroge. Les besoins n’ont pas changé, bien au contraire : chaque jour, en France, deux à trois personnes inscrites sur la liste nationale d’attente décèdent faute de greffons. La greffe rénale, qui représente 62 % de l’ensemble des transplantations réalisées dans les CHU de notre pays, est la plus pénalisée par la pénurie de greffons.

Ces chiffres augmentent très vite car près d’un Français sur dix est aujourd’hui concerné par une maladie rénale et le nombre de patients touchés par une insuffisance rénale chronique terminale (IRCT) progresse lui aussi. D’après l’Agence de la biomédecine, en 2022, 10 975 nouveaux patients ont été traités pour cette pathologie. L’IRCT, qui sera la 4e cause de décès dans le monde en 2040, est plus que jamais un véritable enjeu de santé publique.

A cela s’ajoutent deux fardeaux : la dialyse, qui s’inscrit comme une solution incontournable pour préserver la vie des patients en attente de greffe, est contraignante et impacte sévèrement leur qualité de vie. Elle est aussi un gouffre économique, avec un coût en augmentation constante (plus de 3 milliards d’euros par an pour l’Assurance-maladie selon la commission des affaires sociales du Sénat, en mars 2020). Ces deux éléments justifient que, dans la plupart des cas, la dialyse ne soit qu’une solution temporaire, et que la greffe rénale reste le meilleur des traitements médicaux de l’IRC [insuffisance rénale chronique] pour les patients éligibles.

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