Après la droite, la gauche… Fin septembre, 13 prévenus dont deux anciens maires de secteur (Les Républicains) comparaissaient devant le tribunal correctionnel pour s’être livrés à « une chasse aux procurations ». Mardi 8 et mercredi 9 octobre, c’était au tour de deux conseillers municipaux de l’actuelle majorité (divers gauche) à la mairie de Marseille et d’une ancienne candidate d’être jugés pour l’établissement de 117 procurations irrégulières.

Les infractions – faux dans un document administratif et manœuvres frauduleuses – sont les mêmes, le scrutin aussi, celui des élections municipales de 2020. Seul le décor a changé. Après les fiefs aisés de la droite, le tribunal s’est transporté sur la terre d’élection de Samia Ghali, ancienne sénatrice (Parti socialiste) et actuelle maire adjointe de Benoit Payan, les 15e et 16e arrondissements de Marseille, dans les quartiers Nord. En 2020, elle avait engagé une liste concurrente à celle du Printemps marseillais de Michèle Rubirola (Europe Ecologie-Les Verts), avant un accord pour obtenir une majorité au conseil municipal.

Marguerite Pasquini, 74 ans, dont quarante d’engagement associatif et politique, Roland Cazzola, 61 ans, infirmier libéral, ancien président d’un comité de quartier et d’une association de donneurs de sang, sont des fidèles de Mme Ghali. La troisième prévenue, Patricia Aharonian, absente pour des motifs médicaux, avait changé de camp juste avant le premier tour, mécontente de sa trentième place sur la liste. Evoquant un « système » qui a concouru « à la dégradation de la confiance des citoyens dans la vie publique » et sert de marchepied au clientélisme, le procureur Jean-Yves Lourgouilloux a réclamé leur condamnation : « Quelle est la liberté d’une personne qui recherche un logement, un emploi de refuser de signer un formulaire ? »

Six mois de prison avec sursis, une amende de 2 000 euros et deux ans d’inéligibilité ont été requis contre Mme Pasquini qui, avant le premier tour de mars 2020, avait déposé au commissariat du 15e arrondissement des procurations préremplies avec la photocopie de la carte d’identité des électeurs. « J’en ai déposé une vingtaine au maximum, pas une centaine, c’est faux », a-t-elle dit. Elle les avait préalablement récupérées dans « une bannette » de la permanence avant de les faire valider au commissariat. Les portes lui avaient été grandes ouvertes, selon l’accusation, par le commandant Henri Gil, numéro trois de la Division Nord.

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Sur les instructions de celui-ci, un major chargé des procurations et deux de ses collègues avaient accepté d’apposer la Marianne et leur signature sur les lots apportées par MM. Pasquini et Aharonian, qu’il leur avait présentées. Henri Gil, décédé en avril, a toujours contesté avoir donné l’ordre de contourner la légalité, qui veut que le mandant d’une procuration se présente devant un officier de police judiciaire (OPJ). Mais, aux yeux de M. Lourgouilloux, ce haut gradé de la police, en dépit d’états de services élogieux, est « au centre de ce système, il a eu une influence prépondérante ».

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