
SOCIETY+ – À LA DEMANDE – DOCUMENTAIRE
« Ma vie a toujours été une lente pluie de grenouilles. » Tel est l’état d’esprit autoproclamé du dessinateur de BD américain Matt Furie, lorsqu’il crée, en 2004, Pepe the Frog, personnage mi-grenouille mi-humain, qui « incarne » la coolitude – de celle que ressent un fumeur de « weed » (cannabis). Son credo : « Feels good man », qu’il proclame de bulle en bulle, souvent pantalon baissé devant la cuvette des W.-C.
Dès 2005, Matt Furie associe Pepe à trois autres personnages anthropomorphiques pour former un boy’s club. En accès libre sur le Web, de 2006 à 2012, leurs histoires deviennent rapidement très populaires. L’auteur ignore alors ce qu’est un mème : contraction du grec mimesis, imitation, et de gene, gène, ce mot désigne une vidéo ou une image, « reprise massivement, déclinée et détournée sur Internet, qui se répand rapidement, créant ainsi le buzz ».
L’illustrateur va l’apprendre à ses dépens. En 2014, Pepe apparaît sur 4chan, messagerie anonyme créée par Christopher Poole en 2003, surnommée « la poubelle du Web » (elle a été piratée en avril). « Pepe est le parfait exemple de ce qu’un mème peut subir une fois dans la “mèmesphère” », explique la docteure Susan Blackmore, autrice de The Meme Machine (Oxford University Press, 1999).
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