A Angoulême, le 30 janvier 2025.

L’association propriétaire du Festival international de BD d’Angoulême (FIBD) a annoncé, jeudi 13 novembre, un nouveau processus de sélection pour le choix du futur organisateur de l’événement après 2027, dont sera écarté l’actuel délégataire 9ᵉ Art+, très critiqué dans la profession.

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De nombreux auteurs et éditeurs de bande dessinée avaient menacé de boycotter l’édition 2026 du festival, après le choix, samedi, de l’association de demander un « rapprochement » entre les deux derniers candidats retenus pour sa future organisation à partir de 2028, 9ᵉ Art+ et la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image (Cibdi).

« Ce choix n’a manifestement pas recueilli l’assentiment des parties prenantes de l’événement », constate, dans un communiqué publié dans la nuit de mercredi à jeudi, l’association FIBD qui « décide de rendre caducs les résultats de l’appel à concurrence » et « atteste que 9ᵉ Art+ ne sera pas reconduit au-delà » de son contrat actuel, expirant en 2027. L’association va donc « constituer un comité de pilotage destiné à lancer un nouveau processus de sélection », « composé de représentants de l’association FIBD, des financeurs publics, des professionnels du secteur ». Installé le 18 décembre, il devra « définir les orientations stratégiques et les priorités liées au prochain appel d’offres », dont les résultats seront proclamés le 18 juin. Le festival d’Angoulême, créé en 1974, est organisé par 9ᵉ Art+ depuis 2007.

Pression

La dernière édition, en début d’année, avait été marquée par une virulente mise en cause de cette société privée, accusée dans L’Humanité d’opacité financière, de « dérives » mercantiles et d’avoir licencié une salariée, en 2024, qui venait de porter plainte pour un viol survenu en marge du festival. Une information judiciaire est ouverte sur ces faits et la jeune femme conteste son licenciement pour « faute grave » – l’entreprise lui reproche un « comportement incompatible » avec son image – devant les prud’hommes.

Au printemps, sous la pression des financeurs publics du festival (Etat et collectivités locales) et d’un appel au boycott signé par des auteurs comme Luz ou Fabcaro, l’association du Festival d’Angoulême avait mis fin au contrat de 9ᵉ Art+, ouvrant à la concurrence l’organisation de l’événement à partir de 2028. En juillet, le délégataire historique avait annoncé le retrait à cet horizon de son directeur décrié, Franck Bondoux, sans renoncer à postuler à l’appel à projets. Le scénario d’une gestion partagée entre 9ᵉ Art+ et la Cibdi, un établissement public qui abrite le musée de la BD, n’a pas éteint l’incendie.

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« Danger de mort »

« Le Festival de la bande dessinée d’Angoulême est en danger de mort », ont alerté, lundi, 22 lauréats du Grand Prix, récompense suprême du festival, parmi lesquels Riad Sattouf, Lewis Trondheim, Posy Simmonds, Jacques Tardi, Art Spiegelmann et la lauréate 2025 Anouk Ricard. « Il est grand temps de tourner la page 9ᵉ Art+ pour que le festival retrouve, avec de nouveaux opérateurs, les valeurs qui ont construit sa notoriété internationale », ajoutaient-ils.

Lors d’une réunion, également lundi, avec la mairie d’Angoulême, l’agglomération et la région Nouvelle-Aquitaine, une vingtaine d’éditeurs avaient aussi exprimé leur volonté de « voir Franck Bondoux partir », et « pour certains dès maintenant », a déclaré le maire d’Angoulême, Xavier Bonnefont, également président de l’intercommunalité, auprès de l’Agence France-Presse (AFP). Les éditeurs attendent « une clarification », « une reprise en main des collectivités », et demandent « que la suite se fasse sans 9ᵉ Art+ et Franck Bondoux », avait ajouté Frédéric Vilcocq, le conseiller culture de la région Nouvelle-Aquitaine.

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Le festival a déjà connu par le passé des remous. En 2016, les éditeurs avaient ainsi menacé de boycotter l’édition suivante si une « refonte radicale » de l’événement n’était « pas mise en œuvre dans les meilleurs délais ».

La 53e édition du festival doit se tenir du 29 janvier au 1er février.

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Le Monde avec AFP

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