Nadia Melliti a remporté le prix d’interprétation féminine du 78ᵉ Festival de Cannes pour sa performance dans « La Petite Dernière » de Hafsia Herzi.
Dans cette adaptation du roman choc de Fatima Daas, elle incarne une fille d’immigrés tiraillée entre son homosexualité et sa foi.
Il s’agit du tout premier rôle de sa carrière, puisque cette étudiante en sport a été repérée durant un casting sauvage.

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La coïncidence est émouvante. Comme la regrettée Émilie Dequenne, récompensée en 1999 pour Rosetta des frères Dardenne, Nadia Melliti, 23 ans, s’est vu décerner samedi le prix d’interprétation féminine à Cannes pour sa toute première apparition à l’écran. Dans La Petite Dernière, adapté du roman éponyme de Fatima Daas paru en 2020, la réalisatrice et actrice Hafsia Herzi lui a confié le rôle d’une fille d’immigrés algériens, élevée en banlieue parisienne, en conflit entre son homosexualité et sa foi musulmane. « C’est un immense honneur d’être ici ce soir. Je ressens une émotion difficile à décrire, mais elle est incroyable. Merci Hafsia pour ton audace et ta confiance », a-t-elle lancé après avoir reçu sa récompense des mains de Daniel Auteuil.

Étudiante en sport, Nadia Melliti a été repérée lors d’un casting sauvage, alors qu’elle se promenait dans les rues de Paris. « Quand j’ai lu le livre, j’ai tout de suite accroché avec l’histoire parce qu’elle m’a profondément touchée. Cette quête d’émancipation aussi. Je m’identifiais beaucoup à elle en raison de son entourage et de son origine sociale », expliquait la jeune femme à l’AFP durant le festival. « Ma mère est issue de l’immigration, je suis d’origine algérienne. J’ai également des sœurs. Et même à travers ses études, cette émancipation intellectuelle, je l’ai vécue ».

Fatima Daas, Hafsia Herzi, Nadia Melliti et Ji-Min Park au photocall du film, ce samedi à Cannes. – AFP

« Elle était dans les premières photos que j’ai sélectionnées, son regard m’a vraiment touchée. Mais il fallait quand même continuer parce que ce n’était qu’une photo », révélait pour sa part Hafsia Herzi à la revue Trois Couleurs avant le Festival de Cannes. « Le temps est passé, elle est venue passer des essais. Pendant les essais, je ne donne pas d’indications, pour laisser les gens improviser – ils viennent, ils n’ont jamais joué pour la plupart et on leur donne un sujet et une scène à jouer. Quand Nadia est rentrée dans la pièce, je me suis dit, c’est elle. »

Forte et fragile à la fois à l’écran, aussi convaincante dans les silences que dans les scènes dialoguées, Nadia Melliti donne le sentiment d’avoir déjà une longue carrière derrière. Et pourtant : avant de jouer devant la caméra de Hafsia Herzi, elle se destinait à une carrière de professeure d’EPS. Cette consécration précoce sur la Croisette va-t-elle lui faire changer ses plans ? Également récompensé par la Queer Palm, le trophée décerné chaque année à un film consacré à la communauté LGBTQ+, La Petite Dernière sortira le 1er octobre prochain.

Jérôme VERMELIN à Cannes

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