• Le trio irlandais controversé Kneecap doit se produire dimanche sur la scène de Saint-Cloud.
  • Alors que l’un de ses membres a comparu mercredi à Londres, le président du Crif réclame l’annulation de leur concert.
  • Yonathan Arfi estime notamment que les musiciens, soutiens de la cause palestinienne, « profanent la mémoire » des victimes françaises du 7-octobre.

Kneecap à Rock en Seine ? Pour le Crif, c’est clairement non. Dans un message posté sur le réseau social X ce jeudi, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France demande l’annulation pure et simple du concert prévu dimanche 24 août à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine) du trio nord-irlandais Kneecap, engagé pour la cause palestinienne et accusé de soutenir le Hezbollah. 

Très remonté, Yonathan Arfi accuse Rock en Seine de se transformer en « festival de la honte » en accueillant des musiciens qui  « profanent la mémoire des 50 Francais victimes du Hamas le 7-Octobre comme de toutes les victimes françaises du Hezbollah, dont les 58 soldats français morts le 23 octobre 1983 lors de l’attentat du Drakkar » (à Beyrouth, ndlr). Pour lui, « les artistes peuvent être engagés, mais les apologistes du terrorisme n’ont pas leur place dans des festivals en France ».

Les Kneecap ont connu une ascension éclair en 2024 avec le succès de l’album Fine Art et un docu-fiction survolté, sorti en salles en France le 16 juin dernier. Fondé en 2017, le trio défend la réunification de l’Irlande et défend sa langue comme un cri « anticolonialiste ». Depuis quelques mois, ils bénéficient d’une visibilité décuplée alors qu’ils ont fait de chaque concert une tribune pour la cause palestinienne. Au festival de Glastonbury fin juin au Royaume-Uni, ils avaient ainsi accusé Israël d’être un État « criminel de guerre ».

L’un des musiciens poursuivi en justice

Outre-Manche, ces prises de position inquiètent les autorités. L’un de trois membres du groupe, Liam O’Hanna dit Mo Chara, est poursuivi pour « infraction terroriste » après avoir arboré un drapeau du Hezbollah pendant un concert à Londres en 2024. Il a comparu mercredi dans la capitale britannique, soutenu par ses camarades et par de nombreux fans à son arrivée. Il connaîtra son sort à la fin du mois de septembre. 

C’est dans ce contexte que la ville de Saint-Cloud a décidé symboliquement de retirer sa subvention de 40.000 euros à Rock en Seine au début de l’été, une première, tout en « respectant la liberté de programmation du festival ». En France, Kneecap a joué ces dernières semaines aux Eurockéennes de Belfort et au Cabaret vert de Charleville-Mézières, à chaque fois sans incident.

Des « discussions » ont eu lieu avec l’entourage des artistes pour clarifier leurs positions et l’organisation de Rock en Seine a eu « confirmation » qu’« il n’y aurait pas de débordements », assure Matthieu Ducos, le directeur du festival piloté par le géant des festivals musicaux et tournées AEG et le groupe de l’homme d’affaires Matthieu Pigasse, Combat.

« Tout propos à caractère antisémite, d’apologie du terrorisme ou appelant à la haine » fera « l’objet de poursuites judiciaires », a mis en garde le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, dans une lettre datée du 14 août, en réponse à Caroline Yadan, députée de la 8e circonscription des Français établis hors de France dont Israël fait partie et qui l’avait interpellé sur le sujet.

Jérôme VERMELIN

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