Hugues de Jouvenel, Clément Beaune, Salomé Saqué et Cécile Wendling formaient l’équipe « Domani » du grand quiz du « Monde », à Paris, le 19 septembre 2025.

« Notre quiz est devenu un véritable rite, une addiction même pour certains ! », plaisante Jérôme Fenoglio, directeur du Monde, installé à son pupitre ce vendredi 21 septembre à l’occasion du Festival organisé par le quotidien. Face à lui, un auditorium plein à craquer : plus de 200 personnes, téléphone en main, sont venues se mesurer au « Grand Quiz du Monde », un jeu interactif de 22 questions conçu avec l’aide du journaliste Grégoire Biseau et de Muriel Godeau du service Documentation, qui se tient aussi ce samedi soir, à 20 h 30.

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Deux équipes s’affrontent. Le public compose la première équipe, surnommée avec audace « Les meilleurs du monde ». En face, quatre invités : la journaliste Salomé Saqué, l’ancien ministre de l’Europe (2020-2022) et des transports (2022-2024) Clément Beaune, la prospectiviste et chercheuse en sciences sociales Cécile Wendling et le consultant international en prospective et stratégie Hugues de Jouvenel. Ils forment à eux quatre l’équipe « Domani » (« demain » en italien).

Le match est à peine lancé que dans la salle, rapidement, les cris fusent. « L’ambiance est digne d’un match France-Italie », commentent d’emblée les animateurs de la soirée, les journalistes du Monde Syrielle Mejias et Emmanuel Davidenkoff.

« Méchant de James Bond »

Une question sur Elon Musk, PDG de Tesla et ancien membre du gouvernement de Donald Trump, lance le jeu. L’assemblée se concentre et choisit sa réponse parmi les trois options proposées. La « bonne » réponse est ensuite accompagnée d’un article signé Jérôme Fenoglio, décrivant dès 2010 Elon Musk comme ce potentiel « méchant de James Bond » affichant « l’arrogante assurance d’un futur maître du monde ». Les manches s’enchaînent à un rythme soutenu : 15 secondes pour répondre, pas une de plus.

Des rires se font entendre quand les questions surprennent comme lorsqu’il s’agit de trouver l’interprète qui, selon le journaliste Michel Droit, « écrit d’excellentes chansons, mais les interprète bien mal ». La concentration des joueurs se fait sentir lorsque sont mentionnés des sujets comme la crise climatique ou la montée des inégalités. Les émotions varient d’une question à l’autre. De véritables montagnes russes.

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Nouveauté de cette année : la rédaction a intégré une dimension musicale au quiz. Entre deux questions, Syrielle Mejias lance la bande-son du film Les Choristes, qui vient d’être évoqué. Et toute la salle reprend en chœur cet air devenu populaire : « Vois sur ton chemin, gamins oubliés, égarés… » Plus tard, ce sont les chansons de Charles Aznavour et de Jeanne Moreau qui seront reprises à l’unisson par le public. « J’étais à fond à chaque chanson ! », s’exclame Salomé Saqué à la fin du quiz.

Derrière les rires, la soirée avait aussi une ambition plus sérieuse. Pour cette édition, la rédaction a décidé de s’intéresser à la prospective pour rendre compte de la difficulté à prévoir l’avenir. Une notion qui, en apparence, s’éloigne du journalisme censé raconter le présent. Le directeur du Monde s’interroge ainsi à haute voix : « A-t-on permis à nos lecteurs de voir venir le futur à travers nos articles ? » Un questionnement qui illustre la difficulté, pour un journal, de rester fidèle à sa mission première qui reste le décryptage de l’actualité en train de se faire tout en cherchant à éclairer ce qui vient.

« On a voulu s’amuser avec nos archives “maison”, voir ce que nous avions pressenti… ou pas en tant que journaliste », explique Syrielle Mejias. Le journal a souvent joué les éclaireurs. Certaines questions du quiz l’ont rappelé. Dès 1995, un titre d’article alertait déjà sur « le bouleversement que provoque Internet au sein de la démocratie ». La journaliste Laure Belot, ancienne responsable de la rubrique Futurs au Monde, vient témoigner, soulignant la notion de « signaux faibles », ces indices qui permettent à la presse de « percevoir de manière prémonitoire le monde de demain ».

Part d’imprévisible

Au fil des questions, les thèmes s’élargissent : bouleversements géopolitiques, transformations de la société, innovations technologiques. Autant d’occasions de mesurer que le futur, malgré toutes les tentatives de le déchiffrer, conserve toujours sa part d’imprévisible. Même les erreurs journalistiques deviennent parfois matière à rire : l’anecdote de la « fausse mort » de Monica Vitti, actrice italienne, annoncée dans le quotidien en 1988 à la suite d’un canular téléphonique fait rire toute la salle. Salomé Saqué raconte, au début de sa carrière, s’être fait avoir comme beaucoup de journalistes par la fake news concernant l’arrestation de Xavier Dupont de Ligonnès. « C’était une faillite journalistique collective ! », reconnaît-elle avec autodérision.

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Après deux heures de jeu, le suspense est à son comble. Qui du public ou des invités sera le grand vainqueur ? La musique retentit, l’auditorium retient son souffle… et c’est l’équipe « Domani », celle des invités, qui emporte d’un petit point la partie face au public. Côté assemblée, les trois « meilleurs » repartent avec un cadeau culturel : des cours en ligne sur la philosophie antique, la Renaissance ou le néo-impressionnisme pour une valeur de 150 euros.

Bonne nouvelle pour ceux qui n’étaient pas là : le quiz revient dès ce soir, samedi 20 septembre, à 20 h 30. De nouveaux invités seront de la partie : l’astronome Kumiko Kotera, le politologue Asma Mhalla et le responsable de la prospective chez Axa Olivier Desbiey.

Cet événement se déroule dans le cadre du Festival du Monde, qui a pour partenaires Axa, partenaire principal, l’Agence de la transition écologique, Leboncoin, Spotify, Vins de Bordeaux et le soutien de la mairie du 13e arrondissement de Paris, de la Paris Design Week et de l’Institut français de la mode. Pour y participer, suivez ce lien.

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