La somme est ronde, massive, impressionnante. Elle en est même devenue un fétiche politique. Trois mois maintenant que François Bayrou et ses ministres évoquent sans cesse ces 40 milliards d’euros. Et pourtant, souligne notre journaliste Denis Cosnard, ces quatre dizaines n’ont rien de simple ni d’évident. Il s’agit d’un objet politique construit, éminemment discutable, et d’ailleurs critiqué par les spécialistes des finances publiques.

Car ces 40 milliards ne correspondent pas à l’écart entre les budgets 2026 et 2025. Ils correspondent à l’écart entre le déficit public visé et celui prévisible en prolongeant les tendances actuelles, sans nouvelles mesures. Si le premier ministre était parti du budget 2025, selon la formule habituelle, le même effort aurait été chiffré à environ 24,5 milliards d’euros.

Cette innovation a très vite suscité des critiques nourries, de la part d’économistes, de députés, de sénateurs, du Haut conseil des finances publiques, ou encore du gouverneur de la Banque de France. Aux yeux de tous, le problème central est le même : s’il n’est pas forcément illégitime de comparer un budget réel avec un « scénario tendanciel », encore faut-il l’indiquer, ce qui est rarement le cas, et expliquer comment est bâti ce fameux scénario, sur quelles hypothèses il repose. Or, Bercy n’a jamais divulgué aucun élément précis sur le sujet. Si bien que, depuis des mois, les milliards annoncés sont fondés sur un « tendanciel » dont aucun expert n’est à même de vérifier le sérieux.

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