
Dans le bureau du premier ministre, François Bayrou, à Matignon, un dessin de Sempé, encadré sous verre. Un filin le traverse de part en part, en suspension entre ciel et terre. Sur le fil, un équilibriste, agrippé à sa barre, tente d’enjamber le vide immense. Blottis derrière lui, un cortège de personnages terrifiés qui le suivent, arrimés les uns aux autres. S’il tombe, ils tomberont avec lui.
En cet été, huit jours après la présentation de son plan de redressement des finances publiques et juste avant le dernier conseil des ministres, le 30 juillet, le chef du gouvernement ne saurait trouver meilleure image pour décrire la difficulté de sa tâche. A sa table de travail, tournant le dos au jardin de Matignon, devant son ordinateur et une tasse de thé, il s’imagine comme ce personnage de Sempé, sur la corde raide, chargé d’affronter une situation hautement périlleuse. « Il faut être churchillien », lâche-t-il, convaincu, parce qu’il alerte sur l’accroissement de la dette et du déficit de la France depuis plus de vingt ans, qu’il est l’homme de la situation.
Son plan pour 2026, une cure budgétaire draconienne de 44 milliards d’euros, a été accueilli par les cris d’orfraie des oppositions, qui assurent désormais vouloir le censurer. Les syndicats, « très énervés », se sont donné rendez-vous le 1er septembre pour envisager une mobilisation. Par-dessus le marché, un mystérieux mouvement « Bloquons tout », réminiscence des « gilets jaunes », appelle à un « arrêt total du pays » à partir du 10 septembre. Enfin, la cote de François Bayrou poursuit une chute inexorable dans les enquêtes d’opinion.
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