Que fait-il ici ? Quand Isabelle Adjani aperçoit François Truffaut (1932-1984), en septembre 1974, à la première de La Gifle, de Claude Pinoteau, elle le reconnaît tout de suite. Il est au sommet depuis La Nuit américaine, sorti à peine un an plus tôt, qui a reçu l’Oscar du meilleur film étranger à Hollywood. Mais ni Claude Pinoteau ni les deux comédiens qui entourent Adjani, Lino Ventura et Annie Girardot, n’appartiennent à sa famille de cinéma. Cette comédie symbolise même ce cinéma de qualité française autrefois vilipendé par les jeunes-turcs de la Nouvelle Vague, dont François Truffaut.
Si Truffaut est dans la salle, c’est pour elle. Il prend d’ailleurs bien soin de saluer la jeune actrice, sur le point d’obtenir avec La Gifle son premier grand succès populaire à l’écran. Ce qu’elle ignore, c’est qu’elle est devenue l’idée fixe du réalisateur. Il en a fait son obsession après l’avoir découverte, en mai 1973, à la télévision, dans la captation de L’Ecole des femmes, mis en scène à la Comédie-Française. Jamais, confie-t-il, une actrice n’est parvenue à le faire pleurer devant le petit écran. Il ressent le besoin de « tourner avec elle très vite, de toute urgence ».
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