Chaque vendredi, Le Monde Afrique vous présente trois nouveautés musicales issues ou inspirées du continent. Cette semaine, place aux rééditions avec du funk sud-africain, du disco nigérian et du folklore malien.
« Broken Shoes », de Soweto
Almon Memela est né en 1936 dans un village du KwaZulu-Natal, dans l’est de l’Afrique du Sud. A 20 ans, il déménage à Johannesburg pour y travailler dans les mines… mais ne tarde pas à faire son trou dans la musique avec, en 1963, la création de son groupe, Almon’s Jazz Eight. Mais il faudra attendre 1975 pour que le guitariste sorte un album sous son seul nom, Funky Africa, suivi l’année suivante par Broken Shoes, un disque de deux morceaux de quinze minutes paru sous le pseudonyme de « Soweto » et enregistré avec l’orchestre du Pelican Club du township éponyme. Le label canadien We Are Busy Bodies rééditera vendredi 15 novembre, en vinyle et numérique, ce trésor de funk méconnu au jeu de guitare obsédant.
« Edue Ukot Akpa Itong », de Sammy Obot
C’est à peu près à la même époque que le paysage musical nigérian est bouleversé par l’arrivée des nouvelles technologies (boîtes à rythmes, synthétiseurs…) et des genres qui y sont associés, tels la pop, le disco, mais aussi le reggae ou la soul, qui entrent alors en collision avec les styles locaux que sont le highlife et la juju music. En résulte une profusion de productions – pas forcément passées à la postérité – dont témoigne la compilation Nigeria Special Volume 3 que publiera en vinyle et numérique, fin novembre, le label britannique Soundway Records. On y trouve dix-neuf morceaux parus entre 1978 et 1993 et dans lesquels, comme le sous-titre l’indique, « l’innovation électronique rencontre la culture et la tradition ».
« Demisen Kulu », de Nahawa Doumbia
Retour à la tradition, justement, avec l’album Vol. 2, de Nahawa Doumbia, que le label américain Awesome Tapes From Africa – qui lui avait déjà consacré sa toute première sortie, en 2011 – rééditera début décembre en vinyle, CD, cassette et numérique. Sur cet opus initialement paru en 1982, qui a été remastérisé à partir du disque microsillon faute d’avoir pu retrouver l’enregistrement original, la voix de la cantatrice malienne s’élève, pure comme un filet d’eau, au-dessus des notes de guitare de N’Gou Bagayoko, dans une simplicité formelle qui n’enlève rien à sa force de persuasion. Comme sur le morceau Demisen Kulu, où elle exhorte la jeunesse de son pays à plus d’audace et de persévérance dans le travail.
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Africolor remet le couvert
« Qui coproduira les prochains Kutu, Twende Pamoja, Lagon noir, quand peu y croiront au début ? Qui accueillera les prochains Muthoni Drummer Queen, BCUC, Ann O’aro, Angélique Kidjo, Danyel Waro, quand personne ne les connaîtra ? » Telles sont les questions que pose Sébastien Lagrave, le directeur du festival Africolor, après son éviction des dispositifs d’aide du Centre national de la musique (CNM) au motif que l’événement s’étend sur plus de trente jours – et ne correspond donc pas à l’idée que l’institution se fait d’un festival. Une décision qui entraînera « un déficit de 10 000 euros » pour l’édition 2024, déjà lourdement affectée « par l’inflation et la baisse des dotations », déplore Sébastien Lagrave.
Quoi qu’il en soit, le festival francilien, qui défriche depuis trente-cinq ans la scène des musiques africaines et ne se lasse pas de mettre en avant de nouveaux talents, sera de retour dans vingt-huit villes de cinq départements, du 15 novembre au 24 décembre, avec une programmation fidèle à son esprit de découverte et de soutien à la création. Parmi les 120 artistes présents figurent notamment les Congolais de Fulu Miziki Kolektiv (le 15 novembre à Pantin), la Tanzanienne Siti Amina (le 21 novembre aux Lilas) ou les Béninois du Gangbé Brass Band (le 22 novembre à Nanterre)… La programmation complète est disponible sur le site du festival.