
Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a jugé « inacceptables », samedi 5 juillet, les propositions faites la veille par le Hamas pour lancer des négociations immédiates en vue d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza, tout en annonçant l’envoi d’une délégation au Qatar pour des discussions.
« Les changements que le Hamas cherche à apporter à la proposition qatarie nous ont été communiqués la nuit dernière et sont inacceptables pour Israël », fait savoir un communiqué du bureau de M. Nétanyahou publié en soirée.
Néanmoins, « après une évaluation de la situation », le dirigeant israélien « a donné l’instruction de répondre à l’invitation pour des pourparlers indirects et de poursuivre les efforts en vue de récupérer nos otages sur la base de la proposition qatarie qu’Israël a acceptée », ajoute le texte, précisant que « l’équipe de négociation se rendra [dimanche] pour des discussions au Qatar ».
Le Hamas avait affirmé, vendredi soir, être prêt à engager « immédiatement » des négociations sur la mise en œuvre d’une proposition de cessez-le-feu parrainée par les Etats-Unis, affirmant avoir achevé ses « consultations internes » avec d’autres forces palestiniennes à l’issue desquelles il a remis une réponse positive aux médiateurs.
Le Jihad islamique palestinien, principal allié du mouvement islamiste, avait rapidement soutenu le principe des négociations. Dans un communiqué, il a dit vouloir « aller vers un accord » tout en demandant des « garanties supplémentaires » permettant d’assurer qu’Israël « ne reprendra pas son agression » lorsque les otages auront été libérés.
Benyamin Nétanyahou reçu lundi à Washington par Donald Trump
Le président des Etats-Unis, Donald Trump, qui fait pression pour un cessez-le-feu à Gaza, s’était, lui, montré satisfait de l’annonce du Hamas, alors qu’il doit recevoir, lundi à Washington, M. Nétanyahou.
« C’est bien. Ils ne m’en ont pas informé. Nous devons en finir avec cela. Nous devons faire quelque chose pour Gaza », a-t-il dit vendredi soir à bord d’Air Force One. A la question d’un journaliste lui demandant s’il était optimiste quant à un accord de cessez-le-feu, il a répondu « très », mais a ajouté : « Cela change de jour en jour. »
A Tel-Aviv, le Forum des familles d’otages a appelé les dirigeants israéliens à un « accord global », qui permettrait la libération de l’ensemble d’entre eux, avant un rassemblement hebdomadaire. « Il est temps de finir la mission », a demandé l’association.
Une première trêve d’une semaine en novembre 2023, puis une seconde de deux mois au début de 2025, avaient permis le retour de nombreux otages israéliens et la libération de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Faute d’accord sur la suite du cessez-le-feu, Israël avait repris le 18 mars son offensive dans la bande de Gaza, où « les Palestiniens continuent d’endurer des souffrances qui dépassent l’imagination », selon des propos tenus jeudi par la rapporteuse spéciale de l’ONU pour les territoires palestiniens, Francesca Albanese.
Quarante-deux morts à Gaza pour la journée de samedi
Dans son dernier biman, la défense civile de la bande de Gaza a fait état, samedi, de 42 morts dans plusieurs opérations militaires israéliennes à travers le territoire palestinien. Cinq personnes ont été tuées dans le bombardement d’une école de la ville de Gaza, a rapporté à l’Agence France-Presse (AFP) Mahmoud Bassal, porte-parole de l’organisation de premiers secours. Un bombardement nocturne à proximité d’une autre école de la ville, qui abritait des déplacés, a fait trois morts et une dizaine de blessés dont des enfants, selon la même source.
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Depuis le début de la guerre, de nombreux Gazaouis tentent de trouver refuge dans des bâtiments scolaires, mais ceux-ci ont été à plusieurs reprises la cible d’attaques israéliennes qui, selon l’armée, visent des militants du Hamas se cachant parmi les civils.
M. Bassal a également fait état de huit personnes tuées par des tirs de l’armée israélienne à proximité d’un centre de distribution d’aide humanitaire dans le sud du territoire. Quatre Palestiniens, membres d’une même famille, ont été tués par un bombardement qui a touché leur tente dans le secteur d’Al-Mawassi (Sud), d’après la même source. Contactée par l’AFP, l’armée israélienne a déclaré ne pas être en mesure de faire de commentaire sur des frappes. Elle a par ailleurs indiqué avoir intercepté au-dessus du sol israélien deux « projectiles » en provenance du sud de Gaza.
Plus de 57 000 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans les représailles israéliennes dans la bande de Gaza à la suite de l’attaque sans précédent du Hamas du 7 octobre 2023, selon des données du ministère de la santé de Gaza, jugées fiables par l’ONU.
« Attentat » contre un site de la GHF
La Gaza Humanitarian Foundation (GHF), organisation au financement opaque soutenue par Israël et les Etats-Unis, a annoncé samedi que deux de ses employés américains avaient été blessés dans la matinée par un « attentat terroriste ciblé » contre l’un de ses centres de distribution d’aide, à Khan Younès, dans le sud de l’enclave.
« L’attaque menée, selon les premières informations, par deux assaillants ayant lancé deux grenades sur les Américains s’est produite à la fin d’une distribution par ailleurs réussie, au cours de laquelle des milliers de Gazaouis ont reçu de la nourriture en toute sécurité », a affirmé la GHF dans un communiqué transmis à l’AFP, précisant que leurs jours n’étaient « pas en danger ».
« Le monde entier doit se mobiliser et condamner cet acte grave, qui révèle une fois de plus la cruauté du Hamas », a réagi en soirée le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou.
La GHF a commencé à distribuer des boîtes de produits alimentaires le 26 mai, après un blocus de deux mois et demi imposé par Israël à l’entrée de toute aide humanitaire dans le territoire, en dépit des avertissements de l’ONU et d’ONG concernant un risque imminent de famine.
Les distributions de la GHF ont donné lieu à des scènes chaotiques. Vendredi, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a affirmé avoir « enregistré » 613 personnes tuées lors de distribution d’aide à Gaza entre le début des distributions de la GHF et le 27 juin, dont 509 près des seuls centres de cette organisation.
L’armée israélienne a reconnu à plusieurs reprises que des soldats avaient ouvert le feu en direction de « suspects » présentant une « menace » aux abords des centres de la GHF, où se pressent chaque jour des foules de Palestiniens. Selon la défense civile de Gaza, plusieurs centaines de civils ont été tués par des tirs de soldats, de chars ou de drones israéliens en tentant de rallier les centres de distribution d’aide.