• Un Ukrainien, suspecté d’être l’un des coordinateurs d’un commando, a été arrêté jeudi en Italie.
  • L’homme faisait partie « d’un groupe de personnes qui ont placé des explosifs sur les gazoduc ‘Nord Stream 1’ et ‘Nord Stream 2′ » au Danemark, a annoncé le parquet fédéral allemand.

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Ukraine : 4ᵉ année de guerre

C’est une première arrestation dans une mystérieuse et sensible affaire en raison de la guerre en Ukraine. Ce jeudi 21 août, un Ukrainien a été arrêté en Italie, suspecté d’être l’un des coordinateurs du commando à l’origine du sabotage du gazoduc russe Nord Stream le 26 septembre 2022.

Dans un communiqué diffusé jeudi, le parquet fédéral allemand, spécialisé dans les affaires de terrorisme, a annoncé avoir « fait procéder à l’arrestation sur la base d’un mandat d’arrêt européen du citoyen ukrainien Serhii K., par la police italienne, dans la province de Rimini (Italie) ».

Un voilier utilisé « au départ de Rostock »

« Serhii K. faisait partie d’un groupe de personnes qui, en septembre 2022, ont placé des explosifs sur les gazoduc ‘Nord Stream 1’ et ‘Nord Stream 2’ près de l’île (danoise, ndlr) de Bornholm », écrit-il. Il s’agit « vraisemblablement de l’un des coordinateurs de l’opération » de sabotage, ajoute-t-il.

Le parquet fédéral allemand affirme que Serhii K. et ses complices « ont utilisé un voilier (…) au départ de Rostock (un port allemand sur la Baltique)« . « Le voilier avait été loué auprès d’une entreprise allemande à l’aide de faux papiers d’identité par le biais d’intermédiaires », poursuit-il.

Après son transfert par les autorités italiennes en Allemagne, le suspect ukrainien doit être présenté au juge de la Cour fédérale de justice allemande.

Un plongeur professionnel soupçonné

Le 26 septembre 2022, quatre énormes fuites de gaz précédées d’explosions sous-marines avaient eu lieu à quelques heures d’intervalles sur Nord Stream 1 et 2, des conduites reliant la Russie à l’Allemagne et acheminant l’essentiel du gaz russe vers l’Europe.

À cette époque, Moscou avait cessé de livrer du gaz via Nord Stream 1, sur fond de bras de fer avec les pays européens alliés de Kiev. Quant au gazoduc jumeau Nord Stream 2, pomme de discorde entre Berlin et Washington depuis des années, il n’était jamais entré en service.

Depuis le sabotage, des enquêtes judiciaires avaient été lancées séparément par l’Allemagne, la Suède et le Danemark. Elles ont été closes dans les deux pays scandinaves en 2024.

De nombreuses pistes ont été évoquées, avec toujours en toile de fond, l’hypothèse qu’un État pourrait être le commanditaire de l’opération. Tant l’Ukraine que la Russie ou les États-Unis ont toujours vigoureusement démenti toute implication.

Il y a un an, plusieurs médias allemands, la chaine de télévision publique ARD et les journaux Die Zeit et Süddeutsche Zeitung avaient révélé que l’enquête s’orientait vers une piste ukrainienne, avec un mandat d’arrêt de la justice allemande contre un plongeur professionnel soupçonné d’être impliqué dans le sabotage avec deux autres de ses compatriotes. Ce plongeur, désigné comme Volodymyr Z. par les médias allemands, vivait en Pologne mais avait pu s’échapper en Ukraine avant son arrestation.

Un jour après les révélations de la presse allemande, le Wall Street Journal avait affirmé que l’ancien chef d’État major ukrainien Valery Zaloujny avait supervisé le plan visant à faire sauter les gazoducs. Un « non-sens absolu » avait réagi la présidence ukrainienne le 15 août 2024. Quant à Moscou, il avait jugé « clair » quatre jours plus tard que l’opération avait été ordonnée par Washington.

Ambre BERTOCCHI

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