Un policier sera bientôt jugé par une cour criminelle pour avoir éborgné Jérôme Rodrigues, figure du mouvement des gilets jaunes.
Cet homme avait été touché à l’œil par une grenade de désencerclement lors d’une manifestation à Paris en janvier 2019.
L’accusé encourt jusqu’à 15 ans de réclusion criminelle.

Suivez la couverture complète

La colère des Gilets jaunes

Un procès aura lieu dans l’affaire Jérôme Rodrigues. Le policier qui a éborgné cette figure des gilets jaunes lors d’une manifestation tendue à Paris, en janvier 2019, sera prochainement jugé par la cour criminelle départementale de Paris, ont ordonné deux juges d’instruction ce vendredi. Brice C., 34 ans, est accusé de « violences volontaires ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente par personne dépositaire de l’autorité publique dans l’exercice de ses fonctions, soit un crime passible de quinze ans de réclusion criminelle ». Un crime passible de 15 ans de prison.

Appel de la défense sur l’ordonnance des juges

Le 26 janvier 2019, lors de cette manifestation tendue durant le mouvement social, Jérôme Rodrigues avait été touché par un tir d’une grenade de désencerclement lancé par le policier. Ce jour-là, les forces de l’ordre et plusieurs manifestants s’étaient affrontés sur la place de la Bastille. Dans un contexte tendu et face à de nombreux jets de projectiles, les policiers avaient fait usage de la force, notamment via un engin lanceur d’eau et de grenades lacrymogènes. Les avocats de la défense, Maîtres Sébastien Journé et Gilles-William Goldnadel, ont indiqué vouloir faire appel de l’ordonnance des juges d’instruction. 

« Nous sommes convaincus que nous arriverons à obtenir qu’il soit mis hors de cause« , ont-ils réagi, auprès de l’AFP, ce vendredi. Selon eux, leur client n’a pas volontairement blessé Jérôme Rodrigues, dont les juges d’instructions estiment qu’il faisait partie d’un groupe « pas violent » au moment du tir du policier. « Brice C. a une position constante depuis le début du dossier, à savoir qu’il ripostait à des jets de projectiles que son groupe et lui recevaient. Il n’a jamais voulu viser qui que ce soit, il a simplement voulu mettre un terme à une agression qu’il subissait avec son groupe« , justifient les deux avocats.

Non-respect de « la doctrine d’emploi »

Dans leur ordonnance, les magistrats insistent sur « la doctrine d’emploi » de la grenade de désencerclement lors de manifestations. Selon eux, « aucun des éléments de ce contexte tendu contemporain du lancer de (grenade) n’a pu justifier ce dernier« . L’avocat de Jérôme Rodrigues, Me Arié Alimi, estime que la tenue de ce procès « est l’aboutissement du combat des victimes de violences policières pendant le mouvement des gilets jaunes« . « Derrière le policier (…), c’est la police nationale, la préfecture de police de Paris et la politique d’Emmanuel Macron » durant cette période « qui seront jugées« , a-t-il poursuivi, faisant un parallèle plus général avec les autres affaires de violences connues à cette époque.

Quelques semaines après avoir été blessé, Jérôme Rodrigues avait indiqué sur les réseaux sociaux avoir perdu l’usage de son œil droit. Si l’appel de la défense était rejeté et que ce procès avait bel et bien lieu, il s’agirait là d’une des premières affaires concernant les violences commises par des policiers lors des manifestations des gilets jaunes, débutées à l’automne 2018. Un autre policier, Fabrice T., sera également jugé par la cour criminelle départementale de Paris pour avoir éborgné avec une grenade lacrymogène Manuel Coisne, en novembre 2019. Un non-lieu a toutefois été exprimé en faveur d’un second policier, soupçonné d’avoir blessé à la jambe un ami de Jérôme Rodrigues par un tir de LBD. 


T.A. avec AFP

Partager
Exit mobile version