La fermeture de la pêche dans le golfe de Gascogne pendant un mois cet hiver a « incontestablement » permis de protéger les dauphins contre les captures accidentelles.
C’est ce qui ressort du bilan définitif, publié jeudi par l’observatoire Pelagis.
Selon les chiffres, le niveau de mortalité des petits cétacés par « captures accidentelles » a été divisé par quatre.

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Une mesure qui fait ses preuves. Testée pour la première fois cette année, la fermeture à la pêche du golfe de Gascogne durant quatre semaines (nouvelle fenêtre), du 22 janvier au 20 février, semble démontrer son efficacité pour protéger les dauphins. Selon le bilan définitif publié jeudi 21 novembre, et qui confirme les premières estimations du gouvernement (nouvelle fenêtre), l’observatoire Pelagis « a établi une estimation totale de 1450 dauphins communs morts par capture accidentelle entre le 1ᵉʳ décembre 2023 et le 31 mars 2024, pour la façade Atlantique et la zone Manche-Ouest ». 

C’est quatre fois moins que la moyenne des années précédentes. En comparaison, à la même période, la moyenne annuelle de dauphins communs morts en mer par capture (nouvelle fenêtre) se montait à 6100 individus entre 2017 et 2023″, pointe l’organisme. Des chiffres jugés fiables puisque « les conditions météorologiques de l’hiver 2023-2024, avec des vents d’Ouest dominants, ont permis aux données d’échouages d’être particulièrement représentatives de ce qu’il s’est réellement passé en mer ».

Une mesure efficace, mais pas prévue pour durer

Des données dont s’est félicité le ministre de la Mer et de la Pêche, Fabrice Loher. Lors d’un échange avec la presse, il a souligné que « la fermeture spatio-temporelle de quatre semaines a incontestablement permis de protéger de manière efficace les espèces de petits cétacés du risque de capture accidentelle par engin de pêche ». L’entourage du ministre a même précisé que ces captures accidentelles étaient « revenues à des niveaux observés avant 2016, qui est l’année d’apparition des fortes mortalités ». Selon les chiffres de Pelagis, chaque année, entre 50 et 90% des cétacés retrouvés échoués sur les plages présentent des traces de captures accidentelles dans des filets. 

Le ministère de la Mer précise que la baisse importante de la mortalité pourrait ne pas être uniquement due au mois sans pêche, mais aussi aux dispositifs techniques de réduction des captures accidentelles, comme les pingers pour effaroucher les animaux, « qui ont commencé à être déployées à grande échelle » et « dont le déploiement va se poursuivre dans les semaines et les mois qui viennent ». Les données devront ainsi être consolidées dans les années à venir pour ajuster au mieux le dispositif. Avec un but : limiter le « mois sans pêche » dans le temps. 

Car le gouvernement veut davantage miser sur son « plan cétacé » avec le développement des dispositifs d’effarouchement plutôt que sur la fermeture des zones de pêche. L’opération, renouvelée pour 2025 et 2026, n’a d’ailleurs pas vocation à s’étendre au-delà. « L’horizon dans lequel on s’inscrit avec les professionnels, c’est de pouvoir lever ces périodes de fermeture d’un mois, à compter de 2027 », détaille l’entourage de Fabrice Loher qui précise que « ça ne veut pas dire qu’on en est certains, mais que c’est une perspective ». 

30 millions d’euros de pertes

Car si le « mois sans pêche » semble porter ses fruits au niveau environnemental, il a un coût important pour la filière. Environ 300 navires de plus de huit mètres utilisant l’un des six engins identifiés comme « à risque » (certains chaluts, fileyeurs et senneurs ) ont ainsi dû rester à quai pendant quatre semaines cet hiver. Ce qui a représenté « une baisse de 40% des volumes débarqués par rapport à 2022 sur le mois de février et 47% par rapport à 2023 », détaille le ministère, qui estime la perte de chiffre d’affaires totale lors de cette fermeture à plus de 30 millions d’euros pour la filière, mais assure que « presque 18 millions d’euros » ont été versés en aides publiques.

« Tout l’enjeu pour les services de l’État, pour les professionnels, et on espère aussi pour les associations de protection de l’environnement, c’est de parvenir à concilier une activité de pêche qui soit sélective, qui s’exerce avec un niveau de capture accidentelle qui ne compromet pas l’état de ces populations », assure encore l’entourage du ministre de la Mer qui ne « peut pas se satisfaire d’une situation où, chaque année, ad vitam aeternam, une zone de pêche serait fermée pendant un mois ». Un jeu d’équilibriste pour les autorités, qui doivent concilier protection du milieu marin et préservation de la filière de la pêche française.


Annick BERGER

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