Éric Lombard a pris ses fonctions au ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, moins de trois heures après sa nomination, ce lundi 23 décembre.
Diplômé de HEC, cet ancien collaborateur de Michel Sapin dirige depuis sept ans la Caisse des dépôts après avoir passé une partie de sa carrière chez BNP Paribas.
Portrait de celui qui aura pour principale mission d’établir un budget qui échappera à la censure des députés.

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Le gouvernement de François Bayrou

La passation de pouvoir avec Antoine Armand a été programmée dans la foulée de sa nomination. Signe qu’Éric Lombard n’a pas de temps à perdre étant donné l’urgence des missions qui lui incombent. Nommé ministre de l’Économie et des Finances à la veille du réveillon de Noël, l’ancien banquier de 66 ans devra rapidement doter la France d’un budget pour 2025 en évitant toute censure des députés. Également chargé de la Souveraineté industrielle et numérique, il sera épaulé de deux ministres et trois ministres délégués.

Il a assisté aux attentats du 11-Septembre

Nommé fin 2017 par Emmanuel Macron à la tête de la Caisse des dépôts, il a été reconduit en 2023 et a permis à ce bras financier de l’État de clore cet exercice sur un bénéfice net de 3,9 milliards d’euros. Technicien de l’économie selon l’AFP, Éric Lombard peut se targuer d’avoir créé la Banque des territoires, redressé en catastrophe Orpea (aujourd’hui Emeis) ou encore rapproché CNP Assurances et la Banque Postale. Interrogé par l’AFP en 2022, le patron de La Poste, Philippe Wahl, lui prêtait de grandes compétences techniques et des qualités relationnelles indéniables. Un haut cadre de la fonction publique reconnaissait qu’il avait « fait ce qu’on attendait de lui, dans un contexte très contraint par la crise ».

Ludovic MARIN / AFP

Diplômé d’HEC en 1981, Éric Lombard a démarré sa carrière au sein de la banque Paribas avant de tenter l’aventure politique sous la présidence de François Mitterrand, conseillant Michel Sapin alors qu’il était ministre délégué auprès du Garde des Sceaux (1991-1992) puis lors de son passage à Bercy. Il retrouve son précédent employeur au lendemain du revers de la gauche aux législatives de 1993. Il y occupera plusieurs postes, dont celui de responsable des fusions et acquisitions en banque et assurance.

Le 11 septembre 2001, il a rendez-vous dans l’une des tours du World Trade Center à 9h du matin pour finaliser l’acquisition d’une banque américaine par son employeur. C’est depuis les fenêtres des bureaux de BNP Paribas, situé hors de Wall Street, où il arrive en avance, qu’il assiste aux attentats. « J’étais dans un énorme brouillard, j’ai mis jusqu’au soir à retrouver mes esprits, et encore, ce n’était pas tout à fait le cas », raconte-t-il l’an dernier sur Radio Classique (nouvelle fenêtre).

Éric Lombard pilote ensuite l’assurance pour la filiale maison du désormais BNP Paribas, puis rejoint l’assureur Generali France en 2013. Il est poussé dehors quatre ans plus tard par le nouveau directeur général du groupe italien, Philippe Donnet. C’est à ce moment-là qu’il laisse entendre être intéressé par la tête de la CDC en remplacement de Pierre-René Lemas, poussé vers la sortie par Emmanuel Macron après avoir atteint l’âge de retraite préfectorale, malgré un mandat courant jusqu’en 2019.

Il préside aussi le Théâtre des Champs-Élysées

Grand communicant, Éric Lombard ne craint pas de parler aux médias et multiplie les déplacements. Fervent amateur de culture, il est président du Théâtre des Champs Élysées et mélomane, selon une connaissance. Passionné de voile, il joue du piano et a aussi écrit un livre. Dans Au cœur de la finance utile, paru début 2022, il racontait que son grand-père, industriel du textile implanté à Troyes et collectionneur d’art, et le socialiste Michel Rocard, ministre lors du premier mandat de François Mitterrand et Premier ministre de 1988 à 1991, étaient deux figures qui l’avaient marqué. « On ne le ressent pas en interne comme un homme de gauche », note pour l’AFP ce lundi Salomé Vaillant, secrétaire générale du syndicat Unsa. « Pour tout ce qui est social, il n’est pas vraiment au rendez-vous », déplore-t-elle. 

Déjà pressenti à Bercy en mai 2022, il s’est déjà dit « en phase avec l’itinéraire et le projet d’Emmanuel Macron », qu’il n’hésite pas à critiquer. Il a notamment fait part de ses remarques contre la réforme des retraites, la gestion de l’Agence des participations de l’État et le Trésor public. Il sort régulièrement de la réserve attendue d’un patron de « la Caisse ». « Comment est-ce qu’on gère une institution financière dans le monde de Donald Trump, de Vladimir Poutine et de Xi Jinping, pour citer trois grands démocrates progressistes et éclairés ? », s’interrogeait-il en début de mois, lors d’une rencontre organisée par l’association Europe-finances-régulations (AEFR).

Un franc-parler qui devrait être utile au moment de tenir des discussions serrées avec Bruxelles. La France fait partie des mauvais élèves de l’Europe avec un déficit public qui devrait atteindre 6,1% du PIB cette année et une dette publique de 3300 milliards d’euros.


D.D.F. avec AFP

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