Manuel Valls a été nommé ministre des Outre-mer, ce lundi.
Quasi-absent de la vie politique française depuis six ans, l’ex-Premier ministre effectue un retour surprise sur le devant de la scène.
L’ancien socialiste a échoué à s’implanter en Espagne.

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Le gouvernement de François Bayrou

Le gouvernement de François Bayrou consacre le retour de deux ex-Premiers ministres, placés au rang de ministres d’État. Élisabeth Borne a été nommée, ce lundi 23 décembre, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Manuel Valls devient quant à lui ministre des Outre-mer. Quasi-absent de la vie politique française depuis six ans, il  effectue un retour surprise, après l’échec de son implantation en Espagne.

Confronté aux attentats de 2015 en tant que Premier ministre, Manuel Valls devra faire face aux conséquences dévastatrices de l’ouragan Chido à Mayotte, les suites des graves émeutes qui ont éclaté en mai 2024 en Nouvelle-Calédonie et la question de la vie chère dans les départements antillais. Manuel Valls « est une personnalité un peu kamikaze par moment », a déclaré François Bayrou ce lundi soir sur BFMTV. « J’aime bien les personnalités audacieuses, qui acceptent de prendre des risques », a poursuivi le Premier ministre, ajoutant qu’il a « de l’estime » pour l’ex-chef du gouvernement sous François Hollande.

Manuel Valls revient ainsi de plain-pied dans la vie politique nationale. Après avoir été ministre de l’Intérieur de 2012 à 2014, puis Premier ministre de 2014 à 2016, sous François Hollande, le Catalan de 62 ans n’avait pas passé l’étape de la primaire PS en vue de l’élection présidentielle de 2017. Plutôt que de parrainer le vainqueur, Benoît Hamon, l’ancien poids lourd du parti socialiste avait décidé d’apporter son soutien à Emmanuel Macron, ce qui lui avait aliéné une grande partie de ses soutiens et lui avait valu des accusations de traîtrise.

Une chanson parodique en Espagne

Autre trahison selon ses opposants, celle des électeurs de l’Essonne, en Ile-de-France, qui l’ont élu d’un cheveu député en juin 2017, pour le voir finalement quitter l’Assemblée nationale en 2018 afin de tenter de conquérir en vain la mairie de Barcelone. Né dans la capitale catalane le 13 août 1962, ce fan du Barça a grandi à Paris et a été naturalisé français à 20 ans, perdant sa nationalité espagnole. Après trois ans au poste de conseiller municipal de Barcelone, il quitte ses fonctions une nouvelle fois et envoie des signaux d’un éventuel retour en politique en France, ce qui lui a valu une chanson parodique par une chaîne de télévision catalane.

Manuel Valls concrétise cette tentative de retour en 2022, en briguant un mandat de député de la cinquième circonscription des Français de l’étranger, et non dans l’Essonne, où il avait pourtant été élu à quatre reprises, car cela « n’avait pas de sens. J’avais passé la main », avait-il alors déclaré. Le sort des urnes ne lui a pas été plus favorable : il a été éliminé dès le premier tour, mais n’a pas manqué d’appeler à faire barrage au deuxième tour contre le candidat de l’alliance de gauche, la Nupes.

Théoricien des « gauches irréconciliables »

Le nouveau ministre des Outre-mer s’est lancé tout jeune en politique auprès du socialiste Michel Rocard. Son expérience au côté de l’ancien Premier ministre (1988-1990), considéré comme l’un des pacificateurs de la Nouvelle-Calédonie avec les accords de Matignon de 1988, pourrait lui être utile pour déminer la situation sur le « Caillou ».

L’ancien maire d’Évry (2001-2012) a ensuite fait de « la sécurité, la laïcité, le vivre-ensemble » ses thèmes de prédilection. En 2007, il voulait changer le nom du Parti socialiste. Au sein du gouvernement sous Hollande, il fustige la « gauche passéiste », lance un « j’aime l’entreprise » devant le patronat ou approuve l’interdiction du « burkini » par des maires de droite. Défenseur de la déchéance de nationalité et de la loi Travail, très contestée dans la rue, théoricien des « gauches irréconciliables » et d’un rapprochement des « progressistes » de gauche et de droite, Manuel Valls laisse un souvenir amer au Parti socialiste, et est honni par une partie de la gauche pour ses prises de position jugées trop droitières.


J.C avec AFP

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