Une équipe de TF1 s’est rendue en République démocratique du Congo (RDC).
À l’est du pays, dans la région du Kivu, la violence des conflits interethniques atteint, ces dernières années, des niveaux inégalés.
Des enfants soldats, ayant échappé aux groupes armés qui les avaient capturés, témoignent.

C’est l’un des pires endroits au monde. À l’est de la République démocratique du Congo (RDC), les organisations humanitaires ne viennent plus. « C’est une zone très dangereuse, insiste notre guide dans le grand reportage du 20H de TF1 à voir en tête de cet article. Chaque fois, il y a des embuscades, créées par les groupes armés. Ils entrent dans les villages, ils massacrent, ils pillent, ils incendient des maisons. » Ils enlèvent aussi des enfants pour en faire des guerriers. 

Certains réussissent à s’enfuir. C’est l’Unicef qui les récupère et les protège dans un centre hyper sécurisé, auquel notre équipe a eu accès, exceptionnellement. On y rencontre d’abord Caserica, kidnappé à l’âge de 14 ans. « Ils m’ont pris de force dans mon village et ils m’ont emmené dans la brousse. Puis ils m’ont formé à me battre avec un fusil AK-47. J’ai tué, ils m’y ont obligé. Si je n’avais pas exécuté l’ordre des chefs, ils m’auraient tué », explique le garçon à notre reporter Liseron Boudoul.

Un psychologue aide ces enfants à surmonter les souffrances subies. Ce qui n’est pas une mince affaire… Assis sur son lit, recouvert par une moustiquaire dans le dortoir des garçons, Isaac, 11 ans, raconte que toute sa famille a été tuée sous ses yeux, avant qu’il ne soit enrôlé, à 9 ans, dans un groupe armé. Lui aussi a dû obéir et tirer sur des adultes au fusil-mitrailleur. Il mime le geste devant la caméra, comme s’il s’était agi d’un jeu innocent. 

Capture d’écran TF1

« Je ne veux plus jamais retourner dans un groupe. On doit tout le temps chercher l’ennemi et l’attaquer. C’est trop dur », témoigne-t-il. « Les enfants obéissent aux ordres. Ils ne vont pas se plaindre. Et parfois, quand ils ont peur, il peut arriver qu’on leur donne certaines substances », affirme l’un des adultes chargés de veiller sur eux et d’animer une séance de chants.

Parmi ces enfants, il y a aussi des filles. Gisèle, 14 ans, fredonne seule dans son coin, sur une balançoire. Elle a été enlevée pour devenir la bonne à tout faire et l’esclave sexuelle des miliciens. Un jour, ces derniers l’ont obligée à manier la machette. « Pendant les attaques, je devais suivre mes chefs, se souvient-elle. Ils tiraient sur des gens. C’était à moi de finir le travail sur les blessés. Je devais les découper en petits morceaux. Ils me mettaient sous l’emprise de la magie des grigris. »

Reportage exceptionnel en RDC : « Il fallait y aller pour montrer ces massacres »Source : TF1 Info

Gisèle ne se plaint pas. Elle essaie juste d’oublier ce passé en apprenant la couture au centre. Mais comment peut-on oublier l’innommable ? Face à cette violence anarchique, les autorités paraissent impuissantes. Comble de l’absurde : TF1 a constaté que l’armée congolaise, en lambeaux malgré le soutien officiel de l’ONU, vient elle-même de s’allier avec des miliciens qui utilisent des enfants soldats. Certains de ces jeunes, que nous avons filmés, sont manifestement sous l’emprise du chanvre, la drogue locale. Ils dansent en treillis, yeux révulsés et regard dans le vague. Comme possédés. 


Hamza HIZZIR | Reportage TF1 : Liseron Boudoul, Fabrice Amzel

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