Les cheminots appellent à la grève ce jeudi et le seront à nouveau pour une durée illimitée à partir du 11 décembre.
Ont-ils de bonnes raisons de vouloir cesser le travail ?
Le JT de TF1 a posé la question à l’un d’eux, en poste depuis 12 ans à la SNCF.

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Grèves, plans sociaux… La France craque-t-elle ?

Conduire les trains de la gare jusqu’au centre de maintenance, c’est le métier de Sofiane Bettayeb, agent à la SNCF depuis 12 ans. Ce jeudi 21 novembre , il fera grève non pas pour son emploi, qui n’est pas menacé, mais contre l’ouverture à la concurrence du fret ferroviaire. « On ne veut pas faire les Caliméros. Tout le monde souffre », souligne-t-il dans le reportage ci-dessus. La société Fret SNCF doit ainsi disparaître le 1ᵉʳ janvier et être remplacée par Hexafret pour le transport de marchandises et Technis pour la maintenance des locomotives. Le processus doit aboutir à la suppression de 500 emplois sur 5.000, même si la SNCF a promis de reprendre tous les cheminots non conservés dans d’autres sociétés du groupe.

Il y a des millions de Français qui souffrent et on fait partie de ces millions de Français.

Sofiane Bettayeb, agent à la SNCF depuis 12 ans

Sofiane se mobilise par solidarité, mais aussi pour d’autres revendications , le concernant directement cette fois-ci : les salaires. Entre 2022 et 2024, celui des cheminots de la SNCF a augmenté de 17% en moyenne en deux ans. Aujourd’hui, le SMIC net est à 1.426 euros, le revenu le plus bas de la compagnie, lui, est à 1.568 euros, soit 142 euros de plus. Pour Sofiane, ce n’est pas assez. « Il y a des millions de Français qui souffrent et on fait partie de ces millions de Français. Autant que, pour certains« , réagit-il. 

Et face aux nombreux avantages attribués aux cheminots (sécurité de l’emploi, un régime de retraite assez favorable, beaucoup de primes…), Sofiane estime qu’« ils ne suffisent pas ». « J’espère que toutes les personnes qui travaillent dans d’autres entreprises et qui n’ont pas ces avantages se mobilisent justement pour les obtenir », ajoute-t-il. En ayant recours à la grève, par exemple. Un moyen de pression privilégié par les cheminots. Sofiane l’assume. « Il y a énormément de soutien de voyageurs, de travailleurs qui empruntent le train et de retraités qui comprennent pourquoi nous faisons grève et qui nous soutiennent », affirme-t-il. 

Un soutien unanime ? Pas si sûr. Surtout à Noël où on dénombre quinze grèves sur les 20 dernières années. Et la période ne doit rien au hasard. « C’est là où la SNCF réalise un grand chiffre d’affaires. Donc c’est un mécanisme qui marche pour obtenir de belles augmentations », explique la consultante Marie Lee, spécialiste en transports. 

Avec la grève de ce jeudi, la circulation des trains en Ile-de-France devrait être fortement perturbée. Les grandes lignes, elles, seront épargnées.


V. F | Reportage : Matthias Beringer et Pauline Lormant

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