
Dans une lettre adressée au président camerounais Paul Biya rendue publique le 12 août, Emmanuel Macron a reconnu que la France avait mené une « guerre » au Cameroun dans les années qui ont précédé et suivi l’indépendance du pays. Le chef de l’Etat affirme endosser les conclusions d’un rapport de la commission dirigée par l’historienne Karine Ramondy sur le rôle de la France au Cameroun de 1945 à 1971, qui lui a été remis en janvier.
Editeur aux éditions La Découverte, Thomas Deltombe est le coauteur de deux livres sur cette période, dont Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique, publié en 2011 avec Jacob Tatsitsa et Manuel Domergue. Il dénonce une « reconnaissance en trompe-l’œil » qui évite la question des réparations et « alimente le sentiment antifrançais en croyant l’éteindre ».
Vous avez participé à la rédaction d’un ouvrage de référence sur la répression du mouvement indépendantiste et de ses soutiens au Cameroun entre 1948 et 1971. Que pensez-vous de la reconnaissance par Emmanuel Macron des actions de la France à cette période ?
Sur le fond, Emmanuel Macron est très en deçà de ce qu’on pouvait attendre, et la forme interpelle. Paris fait fuiter, au milieu du mois d’août, une lettre adressée personnellement au président Paul Biya, qui est lui-même l’héritier des autorités mises en place pendant cette guerre. Au lieu de parler au peuple camerounais qui a souffert du conflit et continue de souffrir avec la perpétuation de ce régime autocratique, Emmanuel Macron écrit aux gens qui ont été les complices de la France dans l’écrasement du mouvement démocratique et national camerounais. Il y a un contresens total dans la démarche.
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