Après sa formation en France, la brigade « Anne de Kiev » a été déployée sur le front.
À leur retour en Ukraine, plusieurs cas de désertion ont été enregistrés et révélés par la presse.
Kiev indique ce jeudi avoir ouvert une enquête sur des désertions et abus de pouvoir au sein de cette brigade.

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Ukraine : bientôt trois ans de guerre

Pour Paris, cette brigade devait être un « modèle de soutien ». Mais son déploiement sur le front ne s’est pas passé comme prévu. Depuis son retour en Ukraine, la 155ᵉ brigade mécanisée des forces armées du pays, baptisée « Anne de Kiev », fait l’objet d’une controverse. Car malgré neuf semaines de travail dans l’est de la France pour une partie d’entre eux, plus de 1000 soldats auraient fui ses rangs. Si bien que Kiev indique ce jeudi 2 janvier avoir ouvert une enquête sur des désertions et des abus de pouvoir au sein de cette unité.

Un « chaos organisationnel » sur le front de Pokrovsk

« Le Bureau d’enquête de l’État étudie effectivement les faits présentés dans les médias dans le cadre de la procédure pénale engagée en vertu des articles » liés à l’abus de pouvoir et à la désertion, a indiqué Tatyana Sapian, la porte-parole de cette instance officielle. 

Comme nous vous le révélions dans cet article (nouvelle fenêtre), c’est le journaliste ukrainien Iouri Boutoussov qui a, le premier, donné l’alerte. D’après ses informations, près de 1.700 soldats de la brigade ont déserté, pour la plupart avant même que leur unité ne soit déployée sur le front, et 50 durant la formation dans le camp de Mourmelon. À noter, comme nous le rappelle la députée Mariana Bezuhla, qu’il ne s’agit toutefois pas uniquement de soldats formés en France (nouvelle fenêtre). Seuls 2300 étaient passés par le territoire français sur les 4500 soldats qui la composaient. Preuve des difficultés que rencontre cette unité, le colonel Dmitri Ryumshin, qui en avait la charge jusqu’alors, a été remplacé dès le mercredi 11 décembre par le colonel Taras Maksimov.

Raison pour laquelle ce n’est pas la France, mais le commandement militaire ukrainien qui est vivement critiqué. Dans un long message sur Facebook (nouvelle fenêtre)promettant de révéler la « vérité » sur cette brigade, Iouri Boutoussov a accusé les dirigeants d’avoir failli à la formation initiale de la brigade, qui s’est déroulée dans un « chaos organisationnel complet » et d’avoir envoyé ses soldats dans d’autres unités pour y « colmater les trous » en termes d’effectifs. Selon lui, ce qu’il restait de la brigade a été envoyé notamment dans la zone de Pokrovsk (nouvelle fenêtre)tandis que son commandant a été démis de ses fonctions, ainsi que plusieurs de ses subalternes. 

Toujours selon ce journaliste ukrainien, la brigade n’a pas été équipée en drones ni en équipement de brouillage électronique, des outils devenus essentiels pour les unités militaires dans cette guerre. « À cause de cette attitude criminelle envers la vie des soldats, la 155ᵉ brigade a subi des pertes importantes dès les premiers jours. »

LCI sur le terrain : Pokrovsk sous le feu russeSource : TF1 Info

Des chiffres et une situation qui restent encore à investiguer. « L’enquête est en cours. Il est trop tôt pour parler de résultats préliminaires », a expliqué Tatyana Sapian. Du côté de Paris, l’état-major des armées françaises refuse tout commentaire. Et rappelle auprès de TF1info que ce sont « naturellement les forces armées ukrainiennes qui définissent les conditions de déploiement sur le sol ukrainien ».


Felicia SIDERIS

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