• Donald Trump menace d’augmenter les droits de douane sur New Delhi en raison de ses achats de pétrole russe.
  • En effet, la relation économique entre Moscou et New Delhi est particulièrement forte.
  • Le problème pour l’Inde est qu’elle peut difficilement se passer de ses échanges avec les États-Unis.

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Ukraine : 4ᵉ année de guerre

Tout sauf un hasard. Quelques heures avant l’arrivée à Moscou de Steve Witkoff, l’émissaire de Donald Trump envoyé à la table des discussions concernant la guerre en Ukraine, un autre pays a dépêché sur place un envoyé spécial. Ajit Doval, conseiller à la sécurité nationale du Premier ministre indien Narendra Modi, a, lui aussi, foulé le tarmac de l’aéroport moscovite. Objectif : plaider la cause de New Delhi, désormais dans le viseur de Washington.

Les liens entre les deux pays agacent de plus en plus les États-Unis. Ces derniers n’hésitent plus à menacer ouvertement l’allié de Vladimir Poutine. « L’Inde n’a pas été un bon partenaire commercial, car elle fait beaucoup d’affaires avec nous, mais nous n’en faisons pas avec elle. Donc nous nous sommes mis d’accord sur 25% mais je pense que je vais augmenter ce chiffre de manière significative dans les prochaines 24 heures, car ils achètent du pétrole russe« , a prévenu lundi le président américain lors d’un entretien avec la chaîne CNBC.

L’Inde, un partenaire indispensable de la Russie

Les Indiens « ne se soucient pas du nombre de personnes qui sont tuées en Ukraine par la machine de guerre russe« , a ajouté le dirigeant américain dans un message sur sa plateforme Truth Social. 

Le milliardaire sait qu’agiter la menace économique peut peser dans la balance, tant le commerce entre l’Inde et les États-Unis est loin d’être négligeable. En 2024, New Delhi a en effet exporté pour 87,4 milliards de dollars (76,3 milliards d’euros) de produits sur le sol américain. Le pays, qui protège farouchement son marché domestique, a enregistré l’an passé un excédent commercial de près de 46 milliards de dollars avec les États-Unis. 

Selon des analystes, une hausse de 25% des droits de douane pourrait entraîner une diminution de 20 à 50 points de base du produit intérieur brut indien. New Delhi peut-il se passer de cette manne financière ? Seule certitude : Narendra Modi semble au pied du mur, pressé de choisir entre ses liens économiques avec Washington ou sa relation historique avec Moscou. Ces derniers sont profondément ancrés, en particulier depuis la Guerre Froide.

Selon des données de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, la Russie a fourni 76% des importations militaires de l’Inde entre 2009 et 2013. Si ce pourcentage a considérablement diminué ces dernières années, l’Inde dépend encore de la Russie pour les pièces de rechange. Moscou est également un fournisseur important d’armes de pointe, notamment en matière de technologie sous-marine et de missiles de croisière. Après plusieurs années de guerre en Ukraine, c’est désormais l’armée russe qui fait appel au savoir-faire de son allié : Kiev a trouvé cette semaine des composants de fabrication indienne dans des drones russes déployés sur le pays.

En outre, l’Inde est devenue un important acheteur de pétrole russe, offrant un marché d’exportation indispensable à Moscou après avoir été perdu ses acheteurs traditionnels en Europe. New Delhi économise ainsi des milliards de dollars tout en renflouant les caisses de Moscou.  Rien d’étonnant, affirme New Delhi. Le ministère des Affaires étrangères a en effet fait valoir qu’elle « avait commencé à importer de Russie parce que les approvisionnements traditionnels avaient été détournés vers l’Europe après le déclenchement du conflit » en Ukraine.

Thomas GUIEN

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