Un navire de la garde frontalière finlandaise escorte, le 2 mars 2025, le pétrolier « Eagle S », immatriculé aux îles Cook soupçonné d’appartenir à la flotte fantôme de la Russie et accusé d’avoir saboté des câbles sous-marins de la Baltique.

L’Union européenne (UE) est parvenue, vendredi 18 juillet, à un accord sur un 18e train de sanctions contre la Russie pour sa guerre en Ukraine. Il comprend une série de mesures visant à porter de nouveaux coups à l’industrie énergétique russe, avec l’abaissement du prix du pétrole autorisé à l’exportation.

« L’UE vient d’approuver l’un de ses trains de sanctions les plus sévères contre la Russie à ce jour », a déclaré Kaja Kallas, la haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, s’en est félicité : « Cette décision est essentielle et arrive au bon moment », a-t-il écrit sur X. Le ministre des affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, s’est félicité de sanctions « sans précédent » tandis que le chancelier allemand, Friedrich Merz, a assuré qu’elles « maintiennent la pression sur la Russie ».

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Abaissement du seuil du prix du pétrole

Les sanctions prévoient entre autres un abaissement du plafond du prix du pétrole brut russe exporté, désormais fixé à un peu plus de 45 dollars (soit 38,72 euros) le baril, soit 15 % de moins que le prix moyen du baril russe sur le marché. Le mécanisme interdit à toute compagnie pétrolière, flotte marchande, etc., de vendre du pétrole russe au-dessus d’un certain prix, sous peine de sanctions.

L’UE a interdit toute importation de pétrole russe sur son territoire, mais Moscou continue à exporter son brut vers d’autres pays, dont l’Inde ou la Chine. « Les exportations de pétrole représentent toujours un tiers des revenus de la Russie. Nous devons réduire cette source de revenus », avait souligné en juin la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

Pour réduire cette manne, essentielle à la Russie pour financer sa guerre contre l’Ukraine, le G7 a décidé, à la fin de 2022 de fixer un prix de vente maximum, à 60 dollars (soit 51,62 euros) le baril. Mais ce prix est désormais jugé trop élevé, compte tenu de la valeur actuelle du pétrole sur le marché, plutôt orientée à la baisse. Et si cette baisse du pétrole devait se confirmer, le nouveau mécanisme permet de suivre la tendance, en restant toujours 15 % sous le prix moyen, un système jugé plus souple et efficace que le précédent.

« Flotte fantôme » russe et entités contournant les sanctions

Selon Mme Kallas, le seuil de 60 dollars (soit 51,62 euros) a permis de réduire de 30 % les revenus pétroliers russes, essentiels au financement du conflit. L’UE « maintiendra la pression jusqu’à ce que la Russie arrête sa guerre », a assuré Mme Kallas.

Il est d’autant plus efficace qu’appliqué par tous les pays du G7, ce qui cette fois ne sera pas le cas, les Etats-Unis n’ayant pour l’instant pas décidé de nouveau seuil. D’autres pays du G7 ont néanmoins l’intention de se rallier au mécanisme européen, dont le Japon ou le Canada, selon des diplomates.

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Les Européens, dont la France, avaient promis il y a plusieurs semaines des sanctions « massives » si le président russe continuait à refuser tout cessez-le-feu, avec l’espoir que les Etats-Unis les suivraient. L’opération a été rendue plus compliquée par un veto de la Slovaquie, côté européen, et par les réticences de Donald Trump côté américain.

Bratislava a finalement accepté de lever son veto et l’Union européenne espère désormais que les Etats-Unis la rejoindront dans les prochaines semaines, à l’expiration du délai fixé par le président des Etats-Unis. Donald Trump a donné lundi cinquante jours à Moscou pour faire la paix, sous peine de lourdes sanctions visant ses alliés. « Avec les Etats-Unis, nous contraindrons Vladimir Poutine à un cessez-le-feu » en Ukraine, a affirmé vendredi M. Barrot.

La Russie continue à contourner ces sanctions à l’aide d’une « flotte fantôme » de pétroliers, dont le nombre est évalué à plus de 500, et que l’UE a déjà prise pour cible. Dans le cadre de ces sanctions, les Vingt-Sept ont ajouté 105 pétroliers fantômes à leur liste noire de navires, qui compte actuellement 342 noms, a assuré Mme Kallas sur X.

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L’UE a également ajouté 22 entités – dont 11 non-Russes – ciblant des sociétés exploitant des navires fantômes ou aidant les Russes à contourner les sanctions. « Pour la première fois », l’UE a ciblé une raffinerie de pétrole appartenant au groupe russe Rosneft en Inde, s’est félicitée Mme Kallas.

Les Européens ont également renforcé leurs sanctions financières en ajoutant 22 banques à celles qui sont interdites d’accès au système international de paiements Swift.

L’UE a également adopté de nouvelles sanctions contre le gazoduc Nord Stream, à l’arrêt actuellement, pour être certaine qu’il ne pourra pas être réactivé.

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Le Monde avec AFP

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