Les pourparlers en Arabie Saoudite ont débouché sur une nouvelle avancée dans la perspective d’une résolution du conflit entre la Russie et l’Ukraine, ce mardi 25 mars.
Kiev et Moscou ont convenu à cette occasion de cesser les hostilités en mer Noire.
Toutefois, le Kremlin conditionne cette trêve à certaines conditions.
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Ukraine : 4ᵉ année de guerre
Un accord de principe. Au terme de pourparlers organisés sous l’égide de l’Arabie Saoudite et des États-Unis, la Russie et l’Ukraine ont convenu mardi 25 mars de cesser les hostilités en mer Noire. Chacun des deux pays a accepté d’« assurer la sécurité de la navigation, de supprimer l’usage de la force et d’empêcher l’utilisation de navires commerciaux pour des objectifs militaires en mer Noire », indique la Maison Blanche dans deux communiqués distincts. « Nous ferons notre travail pour mettre en œuvre les accords de la réunion Ukraine-États-Unis », ajoute Volodymyr Zelensky, qui assure que son administration se montrera « constructive ».
Encore de nombreux « détails » à régler
Toutefois, certaines modalités de cette trêve restent à définir, et quelques points à arbitrer. Le ministre ukrainien de la Défense, Roustem Oumerov, appelle ainsi à organiser des « consultations techniques supplémentaires » pour régler les « détails » de cette trêve. Il prévient, par ailleurs, que « tout mouvement » de navires de guerre russes en mer Noire au large de l’Ukraine constituera une « violation » de l’accord de cessation des hostilités. « Dans ce cas, l’Ukraine aura pleinement le droit d’exercer son droit de légitime défense », poursuit-il.
De son côté, le Kremlin pose ses conditions pour respecter sa part de l’accord, assurant qu’il n’entrerait en vigueur qu’« après » la levée de nombreuses sanctions, en particulier de celles imposées à sa grande banque agricole Rosselkhozbank, à certains « producteurs et exportateurs de denrées alimentaires (…) et d’engrais », ainsi que celles visant des « compagnies d’assurances sur les cargaisons ». Moscou exige aussi la fin des restrictions visant « les transactions de financement du commerce » et « les services portuaires et les sanctions sur les navires battant pavillon russe impliqués dans le commerce des denrées alimentaires (…) et des engrais ».
Les États-Unis aideront à rétablir l’accès de la Russie au marché mondial pour les exportations de produits agricoles et d’engrais
Les États-Unis aideront à rétablir l’accès de la Russie au marché mondial pour les exportations de produits agricoles et d’engrais
Communiqué de la Maison Blanche
En la matière, la présidence russe peut compter sur le soutien américain. « Les États-Unis aideront à rétablir l’accès de la Russie au marché mondial pour les exportations de produits agricoles et d’engrais, à réduire les coûts d’assurance maritime et à améliorer l’accès aux ports et aux systèmes de paiement pour ces transactions », affirme la Maison Blanche. « La collaboration dans le cadre de cette initiative permettra de fournir des céréales à plus de 100 millions de personnes supplémentaires dans le monde », se félicite Kirill Dmitriev, le patron du fonds souverain russe, évoquant « une contribution humanitaire (…) et un succès commun ». Au contraire, Kiev voit dans cette main tendue « un affaiblissement de position et un affaiblissement des sanctions », comme le souligne le président ukrainien.
Pour rappel, un accord céréalier en mer Noire avait permis à l’Ukraine, de juillet 2022 à juillet 2023, d’exporter ses céréales, vitales pour l’alimentation mondiale, malgré la présence de la flotte russe dans la zone. La Russie, elle-même grande exportatrice de blé et d’engrais, s’en était ensuite retirée unilatéralement (nouvelle fenêtre).
Pays tiers et échanges de prisonniers
Plusieurs autres points ont été discutés ce mardi. Ukraine et États-Unis se sont mis d’accord pour impliquer des pays « tiers » dans la supervision d’une trêve, ce dont s’est aussi félicité le Kremlin. « Ce ne serait pas une mauvaise chose, par exemple, si quelqu’un en Europe, ou, par exemple en Turquie, pouvait être impliqué dans la situation en mer et peut-être quelqu’un du Moyen-Orient concernant les questions liées à l’énergie », plaide Volodymyr Zelensky. Le dirigeant va même plus loin et veut « comprendre qui est prêt à mettre en place les garanties de sécurité », en ce qui concerne l’envoi d’un « contingent » militaire, pour s’assurer du respect d’un cessez-le-feu sur le terrain.
Enfin, Washington s’engage à « soutenir les efforts en vue d’échanges de prisonniers, de la libération de civils et du retour d’enfants ukrainiens déplacés de force ».
Depuis son arrivée au pouvoir, Donald Trump pousse ardemment pour mettre fin au conflit entre l’Ukraine et la Russie. Mais depuis le début des discussions, Moscou est accusée par Kiev de jouer la montre pour profiter de son avantage sur le front. Et pendant ce temps, les combats se poursuivent.