Tanks israéliens, proche de la frontière entre Israël et la bande de Gaza, le 7 mai 2024.

Les Etats-Unis ont suspendu la livraison de bombes la semaine dernière après l’absence de réponse d’Israël aux « inquiétudes » de Washington sur une éventuelle offensive militaire à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, a déclaré, mardi 7 mai, un haut responsable américain.

« Nous avons suspendu la livraison d’une cargaison d’armes la semaine dernière. Elle se compose de 1 800 bombes de 2 000 livres [907 kg] et de 1 700 bombes de 500 livres [226 kg] », a détaillé ce haut responsable de l’administration Biden sous couvert de l’anonymat lors d’un entretien avec des journalistes de plusieurs médias dont l’Agence France-Presse (AFP), Associated Press ou le Washington Post. « Nous n’avons pas pris de décision définitive sur la façon de procéder concernant cette expédition », a ajouté ce responsable.

L’armée israélienne continuait, mercredi matin, de pilonner la bande de Gaza, où elle a pris le contrôle du passage stratégique avec l’Egypte. Tôt mercredi, des témoins ont fait état de frappes dans différents secteurs du territoire palestinien, notamment dans la ville de Gaza, dans le nord de l’enclave, où l’hôpital Al-Ahli a annoncé la mort de sept membres d’une même famille dans un bombardement aérien.

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L’armée israélienne avait déployé des chars, mardi, dans Rafah (sud), pris le contrôle du passage frontalier avec l’Egypte et fermé les deux principaux points d’accès à l’aide humanitaire (Rafah et Kerem Shalom), une mesure jugée « inacceptable » par les Etats-Unis.

Ces développements interviennent alors que les médiateurs égyptiens, qataris et américains tiennent des discussions au Caire en vue d’un cessez-le-feu après sept mois de guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Retour à la table des négociations

« L’ensemble des parties sont d’accord pour retourner à la table des négociations » en vue d’une trêve entre Israël et le Hamas, a affirmé, mardi, le média égyptien Al-Qahera News, proche des services de renseignements.

Israël et le Hamas « devraient être capables de combler les lacunes qui restent » pour conclure un accord de cessez-le-feu actuellement en discussion, a déclaré, de son côté, un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, disant espérer un accord « très bientôt ».

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou a dit avoir donné pour consigne à la délégation israélienne au Caire de « continuer à se montrer ferme sur les conditions nécessaires à la libération » des otages et « essentielles » à la sécurité d’Israël.

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« Cela pourrait être la dernière chance [pour Israël] de récupérer les captifs (…) vivants », a déclaré à l’AFP un haut responsable du Hamas ayant requis l’anonymat.

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Selon le numéro deux de la branche politique du Hamas à Gaza, Khalil Al-Hayya, la proposition acceptée par son mouvement comprend trois phases, chacune d’une durée de quarante-deux jours, et inclut un retrait israélien du territoire, le retour des déplacés et un échange d’otages retenus à Gaza et de prisonniers palestiniens, dans le but d’un « cessez-le-feu permanent ».

Israël s’oppose jusqu’à présent à un cessez-le-feu permanent tant que le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, n’aura pas été « vaincu ». L’armée israélienne mène une opération de « contreterrorisme » dans « des zones spécifiques » de l’est de Rafah, après un appel à évacuer des dizaines de milliers de familles de ce même secteur de la ville qui abrite 1,4 million de Palestiniens, selon les Nations unies (ONU).

Les Américains veulent une alternative à une offensive à Rafah

Cette évacuation a été annoncée en prévision d’une offensive terrestre promise par Benyamin Nétanyahou pour éliminer les derniers bataillons du Hamas, mais aussi « exercer une pression militaire » sur le mouvement islamiste afin d’obtenir un éventuel accord qui réponde aux « exigences israéliennes ». Son ministre de la défense, Yoav Gallant, a d’ailleurs prévenu, mardi, que l’armée était prête à « intensifier » ses opérations « dans toute la bande » de Gaza s’il n’y avait pas d’avancées sur la libération des otages. Les Etats-Unis, l’ONU et l’Union européenne ont appelé Israël à ne pas mettre à exécution sa menace d’offensive à Rafah.

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Les responsables israéliens et américains ont discuté d’une alternative, mais « ces discussions sont en cours et n’ont pas pleinement répondu à nos inquiétudes », a déclaré le haut responsable de l’administration Biden. « Alors que les dirigeants israéliens semblaient se rapprocher d’une décision sur une telle opération, nous avons commencé à examiner attentivement les propositions de transfert d’armes particulières à Israël qui pourraient être utilisées à Rafah. Cela a commencé en avril », a expliqué ce haut responsable.

Il a ajouté que Washington était « particulièrement concentré » sur l’utilisation des bombes les plus lourdes de 2 000 livres « et l’impact qu’elles pourraient avoir dans des environnements urbains denses comme nous l’avons vu dans d’autres parties de Gaza ».

Fermeture des points de passage de Rafah et Kerem Shalom

L’ONU a annoncé, mardi, que l’accès depuis l’Egypte au point de passage de Rafah, principale porte d’entrée de l’aide humanitaire, vitale pour la population de Gaza, lui était interdit par l’armée. En Egypte, « des centaines de camions chargés de carburant et d’aide humanitaire sont bloqués », selon des sources égyptiennes, après la fermeture du passage de Rafah et celui de Kerem Shalom, entre Israël et Gaza, visé par des tirs.

L’ONU a en outre affirmé ne plus disposer que d’un jour de réserves de fioul pour les opérations humanitaires à Gaza, le secrétaire général de l’organisation, Antonio Guterres, exhortant Israël à rouvrir « immédiatement » les deux points de passage (Rafah et Kerem Shalom) et à « arrêter l’escalade ».

L’armée israélienne a fait état de dix-huit tirs de roquettes, mardi, depuis Rafah vers le Sud israélien, dont certains en direction du passage de Kerem Shalom, ce qui a « empêché » selon elle l’entrée d’aide humanitaire dans le territoire.

Selon Washington, Kerem Shalom doit rouvrir mercredi et la construction du port artificiel au large de la bande de Gaza est désormais terminée, ce qui devrait faciliter l’acheminement, par voie maritime, de l’aide humanitaire, enjeu clé depuis le début de la guerre.

Depuis l’attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023, qui a causé la mort de plus de 1 170 personnes, majoritairement des civils, plus de 34 000 personnes ont été tuées par les bombardements israéliens sur Gaza, selon le ministère de la santé du Hamas.

Le Monde avec AFP

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