« Je te rends service en ne te donnant pas le tiers-temps car, de toute façon, ceux à qui je le donne ne réussiront pas le concours. » Ce sont les propos adressés par un membre du service handicap d’une université à un étudiant témoignant dans le cadre d’une enquête sur le vécu des personnes en situation de handicap dans les études de santé. « Ce n’est pas le seul verbatim de cette nature », observe Chloé Sabatier, vice-présidente de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (Anepf), partie prenante de l’enquête publiée en mars 2024 et menée avec d’autres fédérations en médecine, kinésithérapie, dentaire, science infirmière, psychomotricité, orthophonie, obstétrique, ergothérapie, et avec le réseau 100 % Handinamique.
« 48,2 % des répondants ont subi des discriminations des étudiants, des enseignants et même des missions handicap, comme ici, poursuit Chloé Sabatier. 63,2 % craignent que leur handicap nuise à leur réussite et si 70 % ont une aide pour les examens, seuls 33 % en bénéficient pour les nombreux stages exigés par leur formation. » Or, c’est la clé de leur future insertion professionnelle.
Trop d’étudiants à la peine ? Près de 60 000 d’entre eux sont accompagnés par une mission handicap et le budget de l’Etat qui leur est consacré est passé de 7,5 à 22 millions d’euros en trois ans. Toutefois, les besoins restent immenses. « Il arrive qu’il n’y ait qu’un référent handicap pour 700 étudiants dans certaines universités, rendant le soutien complexe, voire inexistant », ajoute Chloé Sabatier.
« Inégalité des aides »
Le signal d’alarme tiré par l’Anepf n’est pas isolé. L’Association nationale des étudiants en Staps (Anestaps) a aussi mené une consultation, qui sera publiée jeudi 21 novembre, sur l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap dans le monde du sport. Elle conclut qu’il est très difficile d’accéder à un emploi dans ce domaine, d’après 77 % des répondants.
« Nous dénonçons aussi le manque de place accordé à ce sujet dans nos études, alors que nos futurs métiers nous y confronteront, mais aussi l’inégalité des aides d’une université à l’autre pour les étudiants concernés », affirme Emma Leonardi, étudiante en 3e année de licence Staps « activité physique et adaptée et santé » à Nantes, et vice-présidente de l’association. Comme Chloé, elle espère que la consultation de l’Anestaps encouragera des pratiques plus inclusives.
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