C’est un arbitrage qui met fin à vingt ans de débats. La Haute autorité de santé (HAS) s’est prononcée mardi 17 juin en faveur du dépistage systématique de l’infection à cytomégalovirus (CMV) chez les femmes enceintes au cours du premier trimestre de grossesse. Si cette mesure est inscrite (et donc budgétée) dans la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) pour 2024, sa mise en œuvre était suspendue à l’avis de l’institution.

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« C’est un moment historique, la fin d’une inégalité d’accès aux soins qui était flagrante et scandaleuse ! » se réjouit Yves Ville, chef de service de la maternité Necker-Enfants malades à Paris (AP-HP), qui dans une récente tribune, considérait ce dépistage comme une « urgence sanitaire et éthique ».

« Environ un tiers des femmes enceintes en France se font déjà dépister pour le CMV. Ce sont des femmes bien informées, qui résistent quelquefois au découragement qu’on leur oppose quand elles le demandent, et qui finalement l’obtiennent… explique-t-il. Désormais, le dépistage sera également expliqué et proposé aux femmes qui ne le connaissent pas. »

Car si l’infection par ce virus est bénigne dans la majorité des cas, elle peut aussi, notamment si elle survient au début de la grossesse, conduire à de lourdes séquelles chez le bébé, comme une perte auditive sensorielle, des troubles neurologiques, un retard global du développement ou des formes de paralysie. Chaque année, en France, ce sont ainsi 800 bébés qui naissent avec un handicap lié à une infection à CMV contractée in utero, rappelle Yves Ville. Le dépistage systématique, qui permet la mise en place de mesures préventives et/ou thérapeutiques, représente une « possibilité de prévenir ce qui est quand même la première cause de déficit neurosensoriel, hors maladie génétique », pointe le gynécologue.

Premier trimestre

Alors que le Haut conseil de la santé publique (HCSP) s’est prononcé à plusieurs reprises contre la mise en œuvre de ce dépistage systématique, la HAS indique avoir à la fois tenu compte, pour émettre son avis, du fardeau que représente l’infection par le CMV au cours de la grossesse, des inégalités de dépistage sur le territoire, ainsi que de l’existence d’un test de détection par une simple prise de sang et d’un traitement (l’antiviral valaciclovir) pouvant limiter la transmission au fœtus.

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