Cela faisait plus de vingt ans que les démineurs alsaciens n’avaient pas fait une saisie aussi conséquente.
Dans le Haut-Rhin, à Orbey, non loin de Colmar, 41 obus datant de la Première Guerre mondiale ont été découverts.
Il pourrait même y en avoir davantage.

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Le 13H

Une découverte aussi historique que dangereuse. Un total de 41 obus datant de la Première Guerre mondiale, pour une masse cumulée d’1,7 tonne, ont été retrouvés dans une forêt d’Orbey par les démineurs de Colmar (Haut-Rhin), prévenus par un habitant, comme le montre le reportage du JT de 13H de TF1 diffusé ce jeudi 29 août, à voir dans la vidéo en tête de cet article. En attendant, peut-être, que d’autres soient déterrés, la zone continuant d’être ratissée méticuleusement jusqu’à la fin de la semaine, selon Les Dernières Nouvelles d’Alsace… Même s’il s’agit déjà de la saisie la plus importante dans la région depuis plus de vingt ans, dans un secteur pourtant particulièrement marqué par les deux Guerres mondiales.

« Neuf chances sur dix de le faire exploser »

Capture d’écran TF1

« C’est comme ça depuis lundi… Ils sont tous les uns derrière les autres, souffle, entre deux énièmes coups de pelle, Éric Schnell, ingénieur principal de la Sécurité civile du centre de déminage de Colmar, à notre micro. D’habitude, on trouve des quantités dispersées, pour à peu près 20 tonnes par an. Mais là, avoir près de deux tonnes de gros calibre, puisque ce sont des 155 mm, on est dans l’artillerie lourde, c’est encore plus rare. Certains sont chargés, comme les quatre à mes pieds, avec une forme d’explosif qui vieillit très, très mal. Si on faisait une tentative de désamorçage, rien qu’au démontage, en touchant à la partie interne de l’obus, on aurait neuf chances sur dix de le faire exploser. »

Des engins à ne toucher en aucun cas !

Capture d’écran TF1

Ces grosses munitions à mitraille ou explosives n’avaient pas été tirées et la moitié d’entre elles restaient prêtes à l’emploi. Elles peuvent causer des dégâts à 300 mètres à la ronde. Leur localisation, en contrebas du Mémorial du Linge, s’explique par la tenue d’une bataille sanglante en juillet 1915 : les 41 obus ont été découverts précisément là où se trouvaient les lignes françaises, pour viser les soldats allemands, positionnés plus en hauteur, au sommet d’une montagne à proximité.

Capture d’écran TF1

Chaque année en France, quelque 500 tonnes d’obus sont retrouvées dans des champs, des jardins ou des zones boisées, quand ils ne sont pas transportés dans des lieux incongrus comme une déchetterie ou un collège par des particuliers imprudents. On compte, dans l’Hexagone, 13.000 interventions de déminage par an, dont au moins une par jour dans le Grand-Est, pour des obus. Des engins à ne toucher en aucun cas ! Certains contiennent jusqu’à 10 kilos d’explosifs. Et si on les sort de terre, l’air et le soleil, conjugués à leur vieillissement, les rend plus dangereux encore.

Premier réflexe à adopter : prendre des photos, puis contacter les autorités (mairie, police ou gendarmerie) qui, elles, solliciteront une équipe de démineurs, seules personnes habilitées à les manipuler, les déplacer puis les faire exploser dans un entrepôt sécurisé. « Il ne faut pas non plus isoler l’endroit avec de la rubalise, parce que ça va attirer le regard des gens. À la limite, mieux vaut le dissimuler, par exemple avec un peu de branchages, sans y toucher, le temps de notre arrivée », précisait, début mars, au micro de TF1, Pierre Moreno, chef démineur du Centre de déminage de Metz (Moselle), entre deux des trois interventions effectuées par son équipe ce jour-là.

Puis d’ajouter : « Il se passe des choses dans la terre qu’on ne peut pas expliquer… Les obus remontent. Dans les mêmes champs, on ne va rien trouver certaines années, puis d’autres années, on va en trouver des dizaines », comme dans la forêt d’Orbey où l’on vient d’en déterrer 41 d’une traite, donc. Pour retrouver tous ces engins de mort enfouis datant des deux Guerres mondiales, il faudrait encore, selon les spécialistes, entre 500 ans et trois siècles de travail.


Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Khélian YOUSFI, Éric SCHINGS

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