Trois jours après la tuerie dans le Nord samedi, qui a fait cinq morts, le suspect a été mis en examen mardi 17 décembre pour « assassinat », en ce qui concerne les trois premières victimes, et pour « meurtre », pour les deux dernières, a annoncé la procureure de Dunkerque, Charlotte Huet.
Paul D., un jeune homme de 22 ans sans emploi, s’était rendu samedi, en fin d’après-midi, à la gendarmerie de Ghyvelde, commune où il vivait chez ses parents. Il a reconnu avoir tué successivement un chef d’entreprise à Wormhout, puis deux agents de sécurité privée et enfin deux migrants de nationalité iranienne, près de Dunkerque.
« La qualification d’assassinat a été retenue par le parquet pour les trois premiers faits commis (…) et la qualification de meurtre précédé, accompagné ou suivi d’un autre crime, a été retenue par le parquet pour les deux derniers meurtres », a déclaré la procureure lors d’une conférence de presse. Il y a encore des « questions nombreuses » sur le mobile du suspect et « aucune conclusion définitive ne peut être tirée à cette heure », a-t-elle prévenu.
« Le mobile doit être approfondi »
Mais « la première personne qui a été tuée à Wormhout était le dernier employeur du mis en cause » : ce chef d’entreprise de 29 ans, tué par balle devant son domicile, « avait licencié le mis en cause au début du mois d’octobre », a ajouté la procureure, renforçant la thèse d’une vengeance professionnelle avancée lundi. Paul D. avait aussi « travaillé six mois pour l’entreprise qui employait les agents de sécurité qui ont été tués » ensuite à Loon-Plage, dans une zone portuaire près de Dunkerque, a-t-elle poursuivi.
Le jeune homme n’a pas évoqué de « différend particulier » avec ces deux victimes âgées de 33 et 37 ans, mais un ressentiment « davantage tourné sur la direction » de leur entreprise, a précisé la procureure. « Le mobile doit encore être approfondi » concernant les deux derniers meurtres de migrants originaires du Kurdistan iranien, qui étaient âgés de 20 et 28 ans, selon Mme Huet.
Le bilan aurait pu être encore plus lourd : au moment de ces deux derniers meurtres, le suspect « a pointé et dirigé son arme » vers deux autres personnes qui passaient par là en voiture, a souligné la procureure. Le mis en cause est ainsi également poursuivi pour « violences avec arme sans incapacité » et « acquisition, détention, port et transport d’armes de catégorie B et C ».
Membre d’un club de tir sportif depuis 2023
Paul D., qui était jusqu’alors parfaitement inconnu des services de police et de l’autorité judiciaire, encourt la réclusion criminelle à perpétuité. Son comportement durant sa garde à vue, où il a répondu à toutes les questions posées par les enquêteurs, n’a pas révélé d’éléments témoignant « d’une altération ou d’une abolition du discernement » et il n’avait consommé ni drogues ni alcool, a ajouté Mme Huet.
Cinq armes à feu ont été retrouvées dans sa voiture, et douze autres à son domicile. Les crimes ont été commis avec une carabine de calibre 44 et sur l’un des meurtres, un fusil de chasse de calibre 12 a également été utilisé, a-t-elle détaillé. Depuis 2023, le suspect était membre du club de tir sportif « La Jean Bart Tir » à Leffrinckoucke, près de Dunkerque. « Il était très discret et ne faisait pas parler de lui », a déclaré mardi à l’Agence France-Presse (AFP) René Jossien, le président de ce club.
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Lundi soir à Dunkerque, plus de 200 membres des « Ultras Dunkerquois » se sont rassemblés pour rendre hommage à l’un des deux agents de sécurité tués qui assurait aussi la sécurité du stade de foot, a constaté un correspondant de l’AFP. Un hommage citoyen aux deux migrants décédés, ainsi qu’aux trois autres victimes, a aussi eu lieu lundi soir à Dunkerque.