- Ces dernières années, le prix au litre de l’huile d’olive a explosé, dépassant les dix euros.
- En cause : des sécheresses sans précédent dans les principaux pays producteurs.
- Mais la France, qui importe aujourd’hui l’immense majorité de ses olives, dispose de terroirs qui pourraient accueillir une production nationale.
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Le 20H
Au fil des mois, le rayon huile d’olive est devenu l’un des plus chers des supermarchés, avec un prix au litre qui oscille entre 9 et 19 euros pour bon nombre de références. Cette flambée des prix s’explique par une production mondiale en baisse, notamment en Italie (moins 32%) après deux années consécutives de sécheresse.
Dans la région des Pouilles, qui assure la moitié de la production italienne, les stocks d’Antonio Raguso, propriétaire de 50 hectares d’oliviers à Gravina in Puglia, sont au plus bas. « Habituellement, les bonnes années, notre production d’huile s’élève à 300 tonnes. Mais cette année, elle a chuté de 70% »,
explique ce dernier dans le reportage en tête de cet article. « C’est trop tôt pour dire si ce sera mieux l’année prochaine. Cela va dépendre des fortes températures auxquelles on pourrait être confronté cet été, et de la pluie, s’il y en a »,
poursuit-il.
Mais les oléiculteurs de la région ne comptent pas trop dessus : en 2024, la pluie n’est tombée ici qu’à quatre reprises. Sur ces terres arides, l’eau est devenue si précieuse que des producteurs emploient les grands moyens pour s’en procurer.
« On a fait un immense forage. Ça, c’est une eau que nous prenons à 450 mètres de profondeur »,
illustre Elia Pellegrino, propriétaire de l’Azienda olearia Pellegrino à Andria.
Même flambée au Maroc
Mais ce système de pompage pèse lourd sur la facture de ce dernier : plus de 40.000 euros par an, rien qu’en électricité. « Souvent, comme aujourd’hui, le ciel est gris, mais il ne pleut pas. Alors, on puise dans les nappes phréatiques, mais je préférerais faire autrement. Car l’idée, c’est de produire de manière durable, sans trop d’eau, sans trop d’électricité »,
explique-t-il.
Le constat est similaire au Maroc, où une équipe de TF1 s’était rendue il y a quelques mois. Là aussi, l’huile d’olive, réputée pour ses coûts de production bas, subit de plein fouet la sécheresse. Alors que les récoltes se sont effondrées, et les exportations sont presque à l’arrêt, l’huile de Reda Tahiri, producteur à Meknès, est désormais beaucoup moins compétitive. « Nos prix ont augmenté x3, donc des fois le consommateur étranger ne peut pas forcément suivre cette augmentation. D’autant plus que le produit marocain à l’exportation est en compétition directe avec des grands pays exportateurs aussi, comme l’Espagne, comme l’Italie, comme même la Tunisie »,
explique-t-il.
Des olives même en Gironde et en Charente
L’huile d’olive est devenue aujourd’hui un produit de luxe dans le pays. Cette pénurie mondiale pourrait-elle profiter à la France ? Elle dispose de terroirs qui pourraient accueillir une production nationale, comme à Carcassonne, terre de vin historique, où Sébastien Balmigere, oléiculteur viticulteur, s’apprête à vivre sa première récolte. « Elle vient de fleurir il y a un mois, donc quand on regarde ce développement-là, pour un mois après fleuraison, c’est déjà joli comme taille »,
estime-t-il dans la vidéo ci-dessus.
Mais les vagues de chaleur à répétition n’ont pas épargné le territoire ces dernières années. Faut-il craindre de devoir affronter les mêmes difficultés que les grands pays producteurs ? « On est relativement confiants parce qu’on n’a pas les excès de température qu’il y a aujourd’hui dans ces pays-là. On a quand même des précipitations qui sont encore plus élevées que chez eux. Et ils arrivent encore à produire, donc ça nous laisse quand même le temps de voir venir »,
explique-t-il. Avec le réchauffement climatique, l’olive ne gagne plus seulement du terrain dans le sud de la France. Des départements tels que la Gironde ou la Charente, longtemps inadaptés à cette culture, commencent, eux aussi, à voir pousser des olives.