L’an dernier, 250.000 logements ont été mis en chantier.
Mais parfois, les travaux ne se passent pas comme prévu et les batailles judiciaires qui s’ensuivent peuvent parfois être longues.
Exemple avec ces deux familles du Nord-Pas-de-Calais qu’a rencontrées le JT de TF1.
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Investir dans l’immobilier
Pour beaucoup, faire construire sa maison, c’est le rêve d’une vie. Mais parfois, il peut virer au cauchemar. Isabelle Marette et sa fille Anne-Constance n’étaient pas revenues devant leur ancienne maison d’Aubers (Nord) depuis des années. « C’était vraiment la maison de nos rêves. On y met ses économies, on y met sa motivation, son âme », lâche Isabelle dans le reportage ci-dessus. Mais 14 ans après sa construction, des malfaçons ont eu raison de leur projet. « C’est triste », admet la mère de famille. Pourtant, il n’y a eu aucun indice pendant des années, selon Isabelle.
800.000 euros de dettes
Mais après la vente de leur maison, les nouveaux propriétaires les rappellent, car les murs se dégradent depuis un épisode de sécheresse. « C’était toutes les fissures qui étaient apparentes suite au glissement de terrain », précise Anne-Constance. Après expertise, elles se rendent compte qu’il manque les puits de fondation pour soutenir la maison. « Il devait y en avoir six. Aujourd’hui, en ayant passé la maison au scanner, on se rend compte qu’il y en a zéro », souligne la jeune femme. Mais il est trop tard. Cette famille est condamnée pour « vices cachés ».
Avec 800.000 euros de dettes, tous leurs biens immobiliers ont été saisis. « Quand on vous appelle un 19 décembre pour vous dire que c’est aujourd’hui qu’on est mis dehors, je peux vous dire que là, on se demande où est la justice et où est la compréhension. Parce qu’on a mis tous nos espoirs dans les mains de ce constructeur et on se retrouve aujourd’hui dans cet état-là », dénonce Anne-Constance. C’est le projet d’une vie qui vacille.
Il a bien pris l’argent, mais il n’a pas commandé les briques et il n’a pas monté les murs.
Il a bien pris l’argent, mais il n’a pas commandé les briques et il n’a pas monté les murs.
Bernard Deleurence, plaignant en litige construction
Cette situation, Bernard et Françoise Deleurence l’ont aussi vécue à Marles-les-Mines (Pas-de-Calais). Il y a sept ans, ils font appel à un constructeur dont le contrat d’assurance les rassure. « Cette somme comporte la rémunération de tout ce qui est à la charge du constructeur, y compris le coût de la garantie de livraison », était-il indiqué. « Ce monsieur nous a fait payer cette assurance, mais il ne l’a jamais souscrite », avance Bernard.
Résultat, ils ont perdu 30.000 euros. « Il a bien pris l’argent, mais il n’a pas commandé les briques et il n’a pas monté les murs », déplore-t-il. Du coup, les travaux qui devaient durer un an ont été terminés quatre ans plus tard par d’autres artisans. Ils ont perdu du temps et de l’argent, car le couple a quasiment puisé dans toutes ses économies et a dû abandonner de nombreux aménagements. « La barrière, au départ, on avait mis un simple grillage. On avait des gouttières normalement qui devaient être en zinc, on a eu des gouttières en alu. On devait avoir un chauffage qui était au sol, on n’a pas pu l’avoir », détaille Bernard.

Pour éviter ce type de situation, des experts existent pour contrôler l’avancée des travaux, comme Alban Bricard à Neuve-Chapelle. Ce professionnel vérifie qu’il ne manque aucun élément structurel. « Avec un détecteur de métal, on peut s’assurer qu’on a bien des fers à béton qui sont présents. Ça assure que vos murs ne vont pas fissurer par un phénomène de cisaillement », explique-t-il. Il y a encore quelques semaines, ces fameux fers à béton n’avaient pas été installés. Un manquement qui aurait pu causer d’importants dégâts à terme. « Si vous ne réparez pas le poteau tout de suite, demain, vous mettez des plaques de plâtre, vous mettez une cuisine. Il va falloir tout démonter, tout casser pour tout refaire. C’est aussi simple que ça. Ça va coûter dix fois plus cher », affirme-t-il.
Comptez 1.000 à 1.600 euros en moyenne pour un suivi de chantier. Un service à privilégier pour chaque étape, selon lui. « C’est très dur aujourd’hui de se faire rembourser sur des problèmes de fissuration par les assurances. Et le meilleur moyen de traiter et d’éviter surtout l’apparition des fissures, c’est d’avoir l’ensemble de ces dispositifs », admet l’expert technique. En 2022, près de 950 millions d’euros d’indemnités ont été versés pour des malfaçons, en hausse moyenne d’environ 6% par an.