- Le 8e jour d’audience du procès de Cédric Jubillar, jugé pour « meurtre sur conjoint », s’est tenu ce jeudi.
- Cathy, l’ancienne compagne de Jean, l’amant de Delphine Jubillar, a été entendue.
- Elle a décrit sa relation avec ce dernier et ses échanges avec l’infirmière disparue.
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Delphine Jubillar avait conversé pour la première fois avec cet homme au printemps 2020, via le site Gleeden, dédié aux rencontres entre « personnes mariées infidèles ». La jeune femme avait rencontré Jean quelques mois plus tard, en juillet 2020, avant d’envisager de s’installer avec lui dès l’année suivante, après leurs séparations respectives de leurs conjoints.
Ce jeudi, au huitième jour du procès de Cédric Jubillar, jugé pour « meurtre par conjoint » après la disparition de son épouse dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, Cathy, l’ex-compagne de Jean, l’amant de Delphine Jubillar, est venue témoigner à la barre.
La jeune femme de 33 ans qui réside à Montauban a brossé le portrait de son ancien compagnon, avec qui elle a eu un enfant. « Jean a besoin de plaire à tout le monde. Il a une très belle apparence. Mais dans la vie personnelle… Vous n’avez pas idée de qui il est vraiment. Ce n’est pas tout rose »
, a-t-elle lâché devant la cour d’assises du Tarn.
« Pouvait-il courir plusieurs lièvres en même temps ? »
Le 24 septembre, l’avocate de Cédric Jubillar, Me Emmanuelle Franck, avait déjà mis un coup de projecteur sur cet amant. Jean, en plus de Gleeden, était aussi inscrit sur le site de rencontres « Dirty Tinder », destiné aux personnes adeptes du sado-masochisme et uniquement accessible sur le « dark web ». Le directeur de l’enquête avait confirmé ce point et ajouté que Delphine Jubillar et Jean évoquaient, dans leurs échanges, la possibilité de retourner dans des clubs échangistes, laissant penser que des rencontres avec des personnes tierces avaient pu se produire auparavant.
Jean pouvait-il avoir plusieurs partenaires ? Me Emmanuelle Franck a interrogé à ce titre Cathy à propos des SMS qu’elle avait adressés à Delphine Jubillar le 13 décembre 2020, à l’avant-veille de sa disparition. « Bonjour Delphine. Ou Céline ? Ou Hélène ? »,
avait-elle écrit lors de sa première prise de contact avec la maîtresse de son compagnon de l’époque.
« Lorsque vous écrivez plusieurs prénoms de femmes à Delphine par message… C’est un pic. Pouvait-il courir plusieurs lièvres en même temps ? »,
a questionné l’avocate de Cédric Jubillar. « Il aime plaire. Lorsqu’il se faisait draguer, il m’en parlait. Avec son travail, il papotait avec les gens […} S’il y avait des sous-entendus, il me le disait. Il a besoin d’avoir la sympathie des gens »,
a répondu la jeune femme à la barre.
Delphine Jubillar, une personne « bienveillante »
Le 15 décembre, jour de la disparition de Delphine Jubillar, Cathy a envoyé deux nouveaux messages à l’infirmière. Dans le premier, envoyé à 13h08, elle écrivait ceci : « Bonjour, sachez que vivre, partager, rigoler, coucher avec une personne qu’on aime malgré ses imperfections et son envie de nous abandonner est très difficile […] S’il vous plaît, ne poursuivez pas maintenant cette aventure. Vraiment, je n’y arriverai pas. Laissez-moi encaisser les premiers coups avant de m’en donner d’autres. Merci ».
Dans le second, à 13h53, elle rédigeait :« Message demandé par Jean. Nous nous sommes mis d’accord tous les deux pour que, tant que nous habiterons ensemble, nous soyons une famille. J’accepterai tout ce qui se passera après […] Psychologiquement, je ne peux pas tout endurer d’un coup. Laisse la place se libérer avant de la prendre. »
À trois reprises par la suite, la femme de Jean a tenté de joindre Delphine Jubillar, en vain.
À 14h23, Delphine Jubillar répondra finalement cela :« Bonjour Cathy, je comprends tout à fait la requête et je m’y plierai selon ta convenance. Malgré le fait que je ne te connaisse pas encore, j’ai énormément de respect pour toi, tu es la maman de A., je te considérerai donc telle quelle, avec toute la bienveillance que je pourrai te donner ».
L’infirmière promettait : « En attendant, je vais m’effacer, me faire discrète, te laisser digérer la nouvelle et vous laisser en famille selon ton souhait ».
Cathy a assuré ce jeudi avoir perçu un message de « bienveillance ». « J’étais restée sur le rôle de confidente. Même si la relation se termine, elle a de la sympathie pour moi. Je ne perçois pas Delphine comme la maîtresse de Jean »
, a-t-elle soutenu.
« J’ai compris qu’il y avait eu quelque chose entre eux »
Toujours selon elle, elle n’a appris la disparition de Delphine Jubillar que le 16 décembre au matin, vers 10 heures, après que son mari est parti au travail. « Jean m’appelle et me demande :
‘Tu as fait quoi à Delphine ?’ Je ne comprends pas. Il m’explique que les gendarmes l’ont prévenu et que Delphine a disparu. Je réponds qu’une personne majeure… La police laisse du temps. Je lui demande si ce n’est pas son mari qui essaye quelque chose »
, s’est souvenue la jeune femme.
Cathy assure n’avoir compris« qu’il y avait eu quelque chose entre »
son mari et l’infirmière que « deux ou trois jours »
après cette disparition… Des propos qui ont laissé Me Alexandre Martin, l’autre avocat de Cédric Jubillar, dubitatif. « Sur une écoute après la disparition de Delphine, Jean échange avec Anne
(l’une des meilleures amies de Delphine Jubillar, NDLR). Pendant 1h30, ils discutent. Il relate à Anne une scène survenue le 15 décembre 2020 au matin : il dit que vous auriez tout compris, tout perdu »,
a-t-il rapporté. « Je ne m’en souviens pas. Ça ne me parle pas du tout »
, lui a répondu Cathy.
L’hypothèse de l’intervention de l’amant ou de sa femme
Les pistes d’une intervention de Jean ou de Cathy dans la disparition de Delphine Jubillar ont été étudiées. Selon l’accusation, l’analyse de leur téléphonie a permis d’établir que, dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020, leurs lignes téléphoniques avaient déclenché exclusivement les relais couvrant leur domicile. Puis à 6h08, le 16 décembre au matin, celle de Jean a déclenché le relais couvrant son lieu de travail. Aucune des deux lignes n’a borné près du domicile des Jubillar cette nuit-là.
La soirée du 15 décembre 2020 a été, selon Cathy, une« soirée classique »
. « J’ai cuisiné. Jean a regardé un film et on s’est couché ensemble vers 23h »
, a-t-elle affirmé. Pour la défense de Cédric Jubillar, les investigations menées sur ce couple n’ont pas été suffisantes.
Jean, l’ancien amant de Delphine Jubillar, doit être entendu à son tour le 6 octobre dans la matinée.