- Un homme, soupçonné d’avoir délivré des faux arrêts de travail, sera jugé en novembre.
- Âgé de 22 ans, il avait créé le site « strop-travail.com ».
- Il aurait récolté 250.000 euros.
Si le site n’est plus accessible, les commentaires sont encore visibles à certains endroits sur la toile. Amenés à donner leurs avis sur celui-ci, nombreux sont ceux qui, entre 2024 et 2025, ont salué la célérité, la facilité et le bas coût pour obtenir de faux documents en quelques clics…
À l’origine de cette gigantesque fraude, se trouve le site « stop-travail.com » dont l’URL a rapidement intrigué les enquêteurs. Ainsi, en septembre 2024, une enquête préliminaire visant les activités dudit site, susceptible de proposer contre rémunération la délivrance de faux arrêts de travail, était ouverte et confiée à l’Office central de lutte contre le travail illégal.
Un faux arrêt en quelques clics
Comment cette plateforme frauduleuse fonctionnait-elle ? De la manière la plus simple. Ainsi, toute personne désireuse d’obtenir un arrêt de travail n’avait qu’à y inscrire ses données personnelles, à signaler des symptômes codifiés dans la nomenclature de la Sécurité sociale puis à sélectionner un médecin associé à sa zone géographique de domiciliation.
« L’ensemble de ces manœuvres permettait l’obtention par le demandeur d’un arrêt de travail supportant dans un certain nombre de cas la signature contrefaite d’un médecin prescripteur ou un QR code »,
détaille ce vendredi dans un communiqué Alexa Dubourg, procureur de la République de Mont-de-Marsan.
Les demandeurs devaient ensuite verser quelques euros pour obtenir le document. Selon une source proche du dossier, les faux étaient vendus une dizaine d’euros.
Le suspect ? Un jeune homme domicilié dans les Landes
Entre avril 2024 et avril 2025, ce sont plus de 42.000 personnes qui se sont laissés « séduire » par cette plateforme pour obtenir un arrêt de travail et plus de la moitié en ont été destinataires. Le montant du produit de la vente de ces faux arrêts de travail a été estimé à environ 250.000 euros.
Rapidement, les enquêteurs de l’Office central de lutte contre le travail illégal, aidés par la Brigade de recherches de Mont-de-Marsan, ont pu déterminer que le créateur et administrateur du site était un jeune homme de 22 ans domicilié dans le département des Landes.
« Défavorablement connu des services de police et de la justice pour escroquerie et délits routiers, ce dernier était placé en garde à vue fin janvier 2025, puis une nouvelle fois le 12 juin 2025 »,
rapporte la magistrate.
Des milliers d’euros saisis sur le compte de l’intéressé
Plus de 175.000 euros ont été saisis sur les comptes bancaires de l’intéressé, ainsi que d’un véhicule d’une valeur de 23.000 euros, vendu avant jugement. En outre, le 16 avril 2025, le site « stop-travail.com » a été fermé grâce à la coopération d’une société hébergeuse chypriote.
Le mis en cause a, lui, été déféré jeudi 12 juin devant un juge au parquet de Mont-de-Marsan. Il est aujourd’hui poursuivi pour « mise à disposition par un service de communication au public en ligne de moyen, service, acte ou instrument ayant pour but de faciliter une fraude sociale », « faux dans un document administratif commis de manière habituelle », « exercice illégal de la profession de médecin par l’utilisation d’un service de communication au public en ligne ou par le biais d’un support numérique ou électronique » et « concours habituel à une opération de placement, dissimulation ou conversion du produit d’un
crime ou d’un délit (blanchiment aggravé). »
Le mis en cause, qui encourt 10 ans d’emprisonnement et de 750.000 euros d’amende, sera jugé en novembre 2025 par le tribunal correctionnel de Mont-de-Marsan. Dans l’attente de son procès, il a été placé sous contrôle judiciaire par le juge des libertés et de la détention.