Épuisé par la guerre des prix avec la grande distribution, Claude Keller, patron de l’entreprise ID3A, cesse son activité de maraîchage.
Il explique ce choix face aux caméras de TF1.
Suivez la couverture complète
Le 20H
Les pots cassés de la mondialisation. Confrontés à la concurrence toujours plus importante des grands distributeurs et des firmes étrangères, les petits producteurs alimentaires français ont toutes les peines du monde à joindre les deux bouts et ne pas être avalées par le maelström. Près de Colmar, le plus grand maraîcher de l’Est de la France vient de prendre une décision radicale.
Le reportage du 20H de TF1 visible en tête de cet article montre des entrepôts désertés, des chambres froides désormais vides et des machines définitivement à l’arrêt. « Ça, c’est tout le matériel qui servait au conditionnement et au nettoyage des légumes. Donc ça occupait 30 à 35 personnes », explique face à notre caméra Claude Keller, patron de l’entreprise ID3A, la plus grosse du Grand Est en volumes. Les machines de l’exploitation ont déjà trouvé preneur. La vente servira à rembourser les derniers crédits. « On a des prêts qui courent encore, pour ce bâtiment qui est derrière vous par exemple. On a des frigos, on a des panneaux photovoltaïques pour l’autoconsommation qui ont huit ans, tout ça n’est pas encore payé », précise le professionnel installé à Balgau (Haut-Rhin), qui tourne la page après 35 ans d’activité dans le secteur.
« Plus vous êtes gros, plus vous jouez sur chaque centime »
Cette entreprise familiale très moderne produisait quatre millions de salades par an. Mais face à la compétition économique des géants du secteur, elle a dû multiplier les réductions de prix, finissant par passer sous ses coûts de revient. Autrement dit, elle vendait à perte. La firme a finalement décidé de jeter l’éponge. « Plus vous êtes gros, plus vous jouez sur chaque centime. Quand vous faites 4 millions de têtes de salade et que vous vendez 10 centimes en dessous de votre prix de revient, ça fait 400.000 euros de chiffre d’affaires qui manquent à la fin de l’année », pointe Claude Keller. Désormais, des cultures de maïs vont remplacer les cultures maraîchères sur les 200 hectares détenus par ID3A.
L’Alsace demeure la première région de consommation de produits locaux. Ils représentent près de 10% des achats dans les deux départements (Bas-Rhin et Haut-Rhin). Encore insuffisant, car les prix de ces produits sont plus élevés que ceux des produits importés, dans un contexte de crise du pouvoir d’achat. « Les salaires n’augmentent pas, donc forcément, il y a des gens qui n’ont pas les moyens d’acheter forcément local, plus cher », déplore une femme au micro du 20H. « Tout le monde est plein de bonnes intentions, mais malheureusement, le portefeuille fait encore la loi et puis ça décourage beaucoup de gens », abonde un autre. Au plus grand désespoir d’entreprises locales.