• Voir son chargeur de téléphone ou, plus grave, sa carte bancaire disparaître pendant sa pause déjeuner n’est plus si rare.
  • Des petits larcins qui peuvent avoir de grosses conséquences.
  • Regardez cette enquête du JT de 20H de TF1.

Selon certains sociologues, ce serait un « acte politique de résistance », mais le jeu n’en vaut généralement pas la chandelle. En France, un tiers des salariés déclare avoir déjà volé quelque chose sur son lieu de travail. Ce qu’on pourrait juger anecdotique s’agissant de stylos, d’agrafeuses et autres fournitures de bureau, mais au regard du droit du travail, un voleur pris sur le fait en entreprise encourt la même peine quelle que soit la valeur de son larcin : jusqu’à trois ans de prison et 45.000 euros d’amende. Sans parler de la perte éventuelle de son emploi, comme cette employée licenciée pour faute grave pour avoir dérobé six rouleaux de papier toilette l’année dernière. Elle avait volé son employeur. Mais une nouvelle tendance émerge dernièrement : le vol entre collègues, allant du chargeur de téléphone (grand classique) au casque audio, en passant par le portefeuille.

Aucun secteur d’activité n’est épargné

« On dit qu’il ne faut faire confiance à personne et qu’il faut fermer les portes », témoigne une Lilloise, interrogée par TF1 dans l’enquête du JT de 20H visible en têt de cet article, qui ne travaille pas dans un open space (où il n’y a pas de porte), comme nombre d’employés de bureaux. Aucun secteur d’activité n’échappe, du reste, à ce phénomène. Thierry, qui a longtemps travaillé dans un abattoir, peut en témoigner, lui qui s’est fait voler son matériel de travail à maintes reprises.

« Il y a eu le fusil pour affuter les couteaux, le gant en maille… Du coup, on est obligé d’en redemander et on est tout de suite accusé d’avoir planqué les objets. Sauf que nos casiers ont été vérifiés plusieurs fois avant qu’on parte. Mais il n’y avait rien dans les casiers. Alors ils ont dit que là, vraiment, ça a été volé », confie-t-il, sous couvert d’anonymat. Car, souvent, lorsqu’un employeur prend un salarié sur le fait sur son lieu de travail, et que sa perte ne se chiffre qu’en dizaines d’euros, il préfère fermer les yeux plutôt que d’enclencher un processus, plus coûteux, pour réembaucher quelqu’un derrière. Ce n’est pas le cas ici, puisque le matériel dérobé dans l’abattoir n’a jamais été retrouvé depuis. « On se dit qu’on s’entend bien avec tout le monde, mais en vérité, on se pose des questions sur l’attitude d’untel ou untel », conclut Thierry.

Autre affaire, cette fois dans un atelier de menuiserie, où un salarié a directement volé dans le compte en banque de son employeur, mais aussi dans celui d’un de ses collègues. Sa méthode : prendre les cartes bancaires en photo pour récupérer les numéros, puis effectuer des achats sur Internet. « Rien qu’avec le compte de l’entreprise, il a quand même dépensé 2.500 euros, entre une machine à laver, une banquette, beaucoup de chaussures de sport, du parfum… Et il a volé environ 120 euros à son collègue », détaille le directeur, Julien Gouy. En l’occurrence, le salarié a fini par être interpellé et on a découvert qu’il avait ainsi détroussé 13 personnes au total dans toutes les entreprises où il avait travaillé. Il a été condamné à huit mois de prison ferme.

Mais il arrive aussi que le patron soit inquiété, quand bien même il n’aurait rien volé. « Le Code du travail met à la charge de l’employeur la fameuse obligation de sécurité, pointe Me Fabien Chirola, avocat au Barreau de Lille (Nord). Sa responsabilité peut être engagée s’il est démontré qu’il avait connaissance du risque et qu’il n’a pas mis en œuvre les mesures permettant de l’éviter. » C’est le cas, par exemple, si des vestiaires ou des casiers ne sont pas sécurisés. Quoi qu’il en soit, les salariés victimes doivent porter plainte auprès de la police ou de la gendarmerie. Et ce, avant même de prévenir leur employeur.

Hamza HIZZIR | Reportage TF1 Sébastien HEMBERT, Marion FIAT

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