La principale politique publique en faveur de l’emploi est, depuis les années 1990, la politique de réduction des cotisations sociales des employeurs, visant à réduire le coût du travail. Elle entraîne toutefois des pertes de recettes pour la Sécurité sociale qui se montaient en 2023 à près de 75 milliards d’euros, qui doivent être financées par d’autres impôts et taxes, représentant près de 3 points du produit intérieur brut (PIB).

Cette politique est principalement ciblée sur les bas salaires, et conduit donc mécaniquement à privilégier les embauches de salariés payés au niveau du smic. La part de ces salariés dans l’emploi total a par conséquent augmenté, en partie du fait des récentes revalorisations conjoncturelles du smic, mais aussi du fait de nombreux effets non désirés de la politique d’exonérations de cotisations, qu’il conviendrait dès lors de corriger.

Ces exonérations diminuent en effet rapidement pour les salaires un peu plus élevés, comme du reste les autres aides du système socio-fiscal (aides personnelles au logement, prime d’activité…). Un employeur qui augmente un salarié perd ainsi une partie de ces exonérations. Dans certains cas, il est amené à débourser 480 euros pour que son salarié perçoive 100 euros de revenu disponible supplémentaire !

Privilégier la dynamique salariale

De tels taux sont dissuasifs pour la dynamique des salaires. Cela était anticipé dans tous les rapports qui se sont succédé depuis des décennies sur l’effet des exonérations, mais la priorité était à la lutte contre le chômage. A juste titre au départ : en effet, à la fin des années 1990, le chômage était de plus de 12 % ; des chocs technologiques et de mondialisation laissaient sur le carreau les salariés les moins formés. Un consensus s’était progressivement établi : la priorité était de diminuer le coût du travail. Mais, aujourd’hui, le contexte est différent : les nouveaux chocs sont liés à la robotisation, à l’automatisation, et demain à l’intelligence artificielle, affectant aussi les salariés gagnant entre 1,2 et deux fois le smic.

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Il est donc légitime de rediriger les efforts vers ces catégories de salariés. Il ne faut plus faire de l’augmentation de l’emploi au smic la seule boussole des réformes, et viser des emplois de meilleure qualité. Dans un contexte dans lequel l’emploi a progressé, nous recommandons de privilégier désormais la dynamique salariale en réduisant la pente des allègements, c’est-à-dire en retirant moins vite ces réductions de cotisations.

A budget constant, cela passe par une baisse prudente des allègements de cotisations au niveau du smic, mais en contrepartie cela permet d’augmenter ces allègements pour les salaires intermédiaires, entre 2 100 et 3 400 euros, afin de favoriser les emplois au-delà du salaire minimum. Les employeurs pourront ainsi plus facilement augmenter leurs salariés et leur permettre de sortir de la trappe à bas salaires, en réduisant de 10 % le surcoût d’une augmentation.

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