Le téléphone grave danger permet d’éviter des féminicides, estime une étude publiée ce mardi 26 novembre.
Attribué sur décision judiciaire, il permet aux femmes victimes de violences conjugales d’alerter si elles sont en danger.
Près de 5000 femmes ont commencé à bénéficier de ce dispositif en 2024.

Il a été lancé en 2009 en Seine-Saint-Denis, avant d’être élargi à la France entière cinq ans plus tard. Depuis, le dispositif téléphone grave danger « sauve des vies », indique une étude publiée ce mardi 26 novembre sur les féminicides, menée par l’Observatoire départemental des violences faites aux femmes.

« Un outil de protection comme le téléphone grave danger sauve des vies », a assuré Ernestine Ronai, responsable de l’Observatoire, lors de l’ouverture à Bobigny de la 20ᵉ édition des Rencontres Femmes du monde en Seine-Saint-Denis.

Un professionnel contacté grâce à une simple touche

Attribué sur décision du procureur et bénéficiant d’une géolocalisation, le téléphone permet aux femmes victimes de violences conjugales d’être mise en relation avec un professionnel en appuyant sur une seule touche. Alors qu’elles n’étaient que 727 à en bénéficier en 2019, 4972 femmes se sont vues attribuer un tel appareil en 2024.

Ce vendredi matin, à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), une femme a par exemple déclenché son téléphone alors que son ex-compagnon venait de la bloquer avec sa voiture, a-t-on appris de source policière. Fuyant à pied à la vue des policiers, l’homme a été interpellé et placé en garde à vue.

Une seule bénéficiaire du dispositif tuée depuis 2009

Dans un département aussi urbanisé que la Seine-Saint-Denis, le délai moyen d’intervention des forces de l’ordre après le déclenchement d’un téléphone grave danger est de cinq à six minutes, selon le procureur de la République de Bobigny, Éric Mathais.

Depuis le déploiement du dispositif dans ce département francilien, une seule bénéficiaire a été tuée par son conjoint : en novembre 2021, Bouchra Bouali n’avait pas son téléphone sur elle, car elle n’avait pas été prévenue de la sortie anticipée de prison de son mari. Ce féminicide a donné lieu, deux mois plus tard, à la publication d’un décret obligeant désormais la justice à prévenir une victime de la remise en liberté de son agresseur.

Au sein du deuxième tribunal de France après celui de Paris, les violences intra-familiales sont « un contentieux massif en augmentation constante et mobilisent 25% de l’activité » de la juridiction, a signalé Éric Mathais lors du colloque. Peimane Ghaleh-Marzban, président du tribunal, a ajouté que « ce n’est pas en regardant quelqu’un dans les yeux que vous allez savoir s’il va commettre un assassinat : ce n’est que par une augmentation générale de la protection et par une sévérité accrue qu’on peut y arriver ».

En 2023, 96 femmes ont été victimes de féminicide conjugal en France, un chiffre en baisse de 19% par rapport à 2022, selon le dernier bilan du ministère de l’Intérieur publié ce lundi, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes.


Zoe SAMIN avec AFP

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