Le nouveau pape est donc Robert Francis Prevost, né à Chicago en 1955, de nationalité américaine et péruvienne. A l’annonce de son nom et de son origine, le tout premier réflexe de beaucoup a sans doute été la déception. Comme si son élection conférait par elle-même un honneur immérité au pays dirigé depuis janvier par Donald Trump, voire apportait un soutien implicite à un président dont le pape François avait été le premier, et le seul, à rejeter la politique migratoire et sociale dans une lettre aux évêques américains, son dernier texte public.

Lire l’analyse | Article réservé à nos abonnés Ce que le pape François lègue à travers ses écrits politiques, fraternels et poétiques

Le nom que Robert F. Prevost, premier pape américain, s’est donné pour régner sur le trône de Pierre devrait pourtant rassurer ceux que sa nationalité inquiète. Car le choix de « Léon XIV » est sans équivoque : le nouveau pape s’inscrit dans la filiation de Léon XIII (pape de 1878 à 1903), l’« inventeur », en 1891, de la doctrine sociale de l’Eglise catholique avec l’encyclique Rerum novarum, première d’une longue série de textes sociaux catholiques depuis plus de cent trente ans, sur les réalités socio-économiques de l’époque et les « solutions » à leur apporter.

Trop modérées et « troisième voie » occultant le capitalisme pour les uns, les encycliques ont longtemps été perçues comme critiques avant tout de la tradition socialiste (et a fortiori communiste). On a remarqué plus récemment à quel point elles dénonçaient aussi, dès le départ, les excès et les méfaits du laisser-faire économique et financier, les inégalités scandaleuses créées par le libéralisme sans frein, « la concentration, entre les mains de quelques-uns, de l’industrie et du commerce, devenus le partage d’un petit nombre de riches et d’opulents, qui imposent ainsi un joug presque servile à l’infinie multitude des prolétaires » (Rerum novarum, § 2.2).

Un étrange clin d’œil de l’histoire

Ce n’est pas le lieu ici d’entrer dans la discussion de la doctrine sociale, dont l’objectif est d’éclairer et de promouvoir le bien commun le plus universel tel que le conçoit l’Eglise en interprétant le message de l’Evangile. Les esprits distingués la trouveront toujours trop morale, trop idéaliste, incompétente et irresponsable sur ces sujets.

Il vous reste 68.04% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version