À Bonifacio, en Corse-du-Sud, des habitants ne peuvent plus rentrer chez eux en raison d’un risque d’effondrement.
Pourtant, les deux places qui jouxtent les maisons continuent d’accueillir des touristes.
L’une des occupantes délogées dénonce un deux poids, deux mesures auprès de TF1.
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Le 13H
Perché au sommet de falaises vertigineuses, Bonifacio (Corse-du-Sud) défie les lois de la gravité depuis plus d’un millénaire. Les expertises écartent tout risque imminent d’effondrement, mais ont néanmoins conduit à l’évacuation de deux maisons. Depuis deux ans, Marie-Pierre Portafax, à qui appartient l’un des logements concernés, n’a plus le droit de mettre les pieds chez elle. En cette journée ensoleillée, la place Manichella, qui jouxte son appartement, est pourtant pleine de touristes. Une situation ubuesque que dénonce la propriétaire. « Il y a certaines absurdités qu’on ne comprend pas. Je ne peux pas rentrer là, mais je peux me promener ici« , s’agace cette habitante de Bonifacio dans la vidéo du JT de TF1 à voir en tête de cet article.
En effet, sur la petite esplanade, rien n’indique un potentiel danger. « C’est dangereux partout. Mais, là, vous avez une espèce de tolérance préfectorale« , fulmine Marie-Pierre Portafax. Parmi les touristes présents ce jour-là, personne, de fait, ne semble être au courant que les falaises pourraient un jour s’effondrer. « S’il y avait eu un panneau, effectivement, on aurait réagi différemment« , concède une mère de famille interrogée face à notre caméra. « Tant que c’est ouvert au public, on se dit que ça va« , lance, un peu soucieux, un autre vacancier. « On se dit que ça ne va peut-être pas tomber de suite. Donc, on a encore espoir que ça tienne encore un peu« , abonde une troisième.
Si dans quelques années, le décrochage intervient et que des personnes sont à l’intérieur, c’est la catastrophe
Si dans quelques années, le décrochage intervient et que des personnes sont à l’intérieur, c’est la catastrophe
Anthony Barraco, sous-préfet de Sartène
Quand nous l’avions rencontrée l’an dernier (nouvelle fenêtre), Marie-Pierre Portafax nous avait fait rentrer dans son appartement. Déjà, à l’époque, cette habitante de Bonifacio contestait les raisons invoquées par les services de l’État pour justifier son évacuation. « Regardez, rien n’a bougé. Il n’y a pas de fissures« , mettait en avant la propriétaire. Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) de Corse, qui a mené les expertises, a recommandé que la place soit fermée physiquement lors des événements météo majeurs. Des portails ont été installés pour en empêcher l’accès les jours de fortes pluies, en alerte orange ou rouge, limitant ainsi l’affluence pendant les périodes à haut risque d’éboulement.
Quant à la place du Marché, qui jouxte l’autre maison qui a fait l’objet d’un avis d’évacuation, elle est recouverte depuis cet été d’un parterre de plantes pour maintenir les piétons à cinq mètres du bord de falaise. Pour le sous-préfet de Sartène, Anthony Barraco, l’évacuation des deux maisons est une mesure de précaution. « Si dans quelques années, le décrochage intervient et que des personnes sont à l’intérieur, c’est la catastrophe« , souligne ce représentant local auprès de TF1. En attendant les éventuels travaux de renforcement de la falaise, Marie-Pierre Portafax va devoir prendre son mal en patience.
