La mort du pape François, lundi 21 avril, a provoqué une émotion mondiale, y compris chez des personnes non croyantes.
Pour les religieux, cet événement revêt une portée toute particulière.
Trois prêtres et un archevêque racontent à TF1info comment ils traversent ce « moment spirituellement fort » de la vie de l’Église catholique.
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Mort du pape François
L’annonce du décès du pape François, lundi 21 avril, a provoqué une vague d’émotion à l’échelle mondiale. Avant ses obsèques samedi matin, les plus grands dirigeants multiplient les hommages au chef de l’Église catholique et de l’État du Vatican. Les fidèles affluent place Saint-Pierre au Vatican et se mêlent aux curieux pour se recueillir une dernière fois auprès du premier pape non européen de l’Histoire. Les prêtres, eux, vivent la disparition du souverain pontife à leur manière.
« C’est toujours un moment émotionnel et touchant« , explique le père Éloi Desrippes, qui a appris la triste nouvelle par un message d’un confrère sur un groupe WhatsApp. « C’est une période d’attente marquée par la prière, l’espérance et la confiance, poursuit le vicaire de la paroisse Saint-Genès-Nansouty à Bordeaux. Et paradoxalement, il y a le deuil, l’attente, mais aussi l’enthousiasme du conclave et une hâte d’accueillir le prochain pape.«
Le deuil et le clin d’œil
« L’Église est une véritable famille pour nous. Il y a un caractère paternel, ce n’est pas pour rien qu’on appelle le pape le Saint-Père, observe Denis Branchu, curé de la paroisse Saint-Pierre-de-Montrouge, à Paris. C’est un vrai deuil et qui est marqué quotidiennement, notamment à la célébration de la messe. On ne cite plus le nom du pape mais on prie beaucoup pour lui« . Prêtre depuis trente-cinq ans, il a donc déjà connu plusieurs fois le sede vacante, cette période durant laquelle l’Église n’a pas encore remplacé son précédent pape. C’est un « moment spirituellement fort pour nous« , complète le vicaire Tony Keady qui, lui, vit la mort d’un pape pour la première fois en tant que prêtre.
Ils sont aussi nombreux à voir dans la mort de François, au lendemain de son apparition au balcon de la basilique Saint-Pierre puis dans la papamobile pour le jour de Pâques, un signe divin. « Il a fait difficilement la bénédiction Urbi et Orbi, mais il était là. Comme s’il pouvait partir en paix une fois sa mission achevée. C’était aussi un clin d’œil de Dieu« , relate le père Desrippes. « Ce que j’ai apprécié, c’est qu’il ait pu dire au revoir aux gens sur la place Saint-Pierre la veille« , abonde Monseigneur Jean-Louis Balsa, archevêque d’Albi.
À l’écoute des fidèles
Pendant cette période d’attente, les prêtres échangent énormément entre eux et avec les paroissiens. « Comme pour n’importe quel deuil, chacun aime bien dire ce qu’il a vécu avec lui et ce que le pape lui a apporté. Ce sont de beaux moments de partage », apprécie Éloi Desrippes. Le père Keady, de la paroisse Notre-Dame de l’Assomption à Alban (Tarn), insiste sur sa mission d’être à l’écoute des fidèles : « Être prêtre aujourd’hui, ce n’est pas facile. Il faut être présent, attentif et humain, c’est ce que m’a enseigné le pape François. Beaucoup de fidèles ont des interrogations et mon rôle est de les accompagner en ces temps de grande incertitude. » Le prêtre libanais, installé en France depuis cinq ans, raconte jongler entre des questions très pratiques, comme le déroulé des obsèques de François ou le mode d’élection de son successeur, et des interrogations plus profondes sur l’avenir de l’Église ou la recherche d’unité dans un monde divisé.
Une émotion qui dépasse l’Église catholique
De nombreux religieux constatent que la mort du pape touche même ceux qui ne sont pas catholiques. « François était particulièrement apprécié parmi les personnes qui ne sont pas forcément croyantes. Mais elles ont la délicatesse de manifester leur proximité et de nous dire qu’elles pensent bien à nous à cette occasion« , note le père Branchu, sensible aux messages de soutien qu’il reçoit.
L’archevêque d’Albi dit avoir été marqué par une conversation lors d’un hommage à la cathédrale Sainte-Cécile, lundi soir, quand il a entendu une personne de confession musulmane déclarer : « Comme disait notre pape François« .
Après les obsèques samedi, où pas moins de 200.000 personnes sont attendues, viendra le moment du conclave pour élire le nouveau chef de l’Église catholique. « Ce devrait être l’affaire de quelques jours« , pressent le curé parisien Denis Branchu, qui n’imagine pas un long conclave. Et s’attend à avoir un nouveau pape début mai.