Une équipe de TF1 s’est rendue sur l’île de Bangka, en Indonésie, d’où provient un tiers de la production mondiale d’étain.
Sur place, 60.000 personnes travaillent à l’extraire au péril de leur vie, dans des mines pas toujours légales.
Sur terre et en mer, les ravages écologiques sont déjà irréversibles.
C’est un nouvel or noir qui se présente, lui, sous forme de poudre. Un minerai répondant au nom de cassitérite et qui, au bout d’un long processus industriel, se transforme en étain, matériau indispensable à la fabrication de nos boîtes de conserve, mais surtout de nos téléphones et ordinateurs portables. Un tiers de sa production mondiale provient d’une seule et même île, d’une superficie comparable à celle de la Corse : Bangka, au cœur de l’archipel indonésien, où une équipe de TF1 s’est rendue, dans le cadre du grand reportage du 20H diffusé ce lundi 6 janvier, à retrouver dans la vidéo en tête de cet article.
« L’extraction de l’étain se voit dès qu’on arrive en avion. Quand on survole l’île, on voit des immenses cratères à la surface. Et en fait, ce sont des mines, qui font parfois plusieurs centaines de mètres carrés. On a vraiment l’impression d’arriver sur Mars ou sur la Lune », décrit, dans la vidéo ci-dessous, notre reporter Justine Jankowski. Des cratères où, pour une poignée d’étain, des mineurs ou pilleurs, selon la légalité ou non des mines où ils officient, risquent quotidiennement leur vie, sans la moindre protection, pour à peine 250 euros par mois. « Il y a très souvent des morts, à cause des accidents, des glissements de terrain« , assure un mineur face à notre caméra.
Les forçats de l’étain : les coulisses de notre grand reportage en IndonésieSource : TF1 Info
« Ce qu’on voulait montrer, c’est comment l’étain était récolté sur place. Les habitants ne peuvent vivre que de ça. Donc, tous ces mineurs, payés au kilo et travaillant le plus possible, évidemment sans horaires, le font dans des conditions extrêmement dangereuses. Déjà, le sol, c’est de la boue, parce qu’ils pulvérisent de l’eau à la surface, sur les parois, ce qui les déséquilibre complètement. Et quand elles s’effondrent, elles tombent directement sur les mineurs. Quand vous êtes au fond de la mine, il y a un effet de succion qui vous emprisonne dans la boue, parfois jusqu’aux genoux ou aux hanches. Et comme ils ne peuvent pas courir, ils sont pris au piège dans la terre. C’est pour ça qu’il y a énormément d’accidents », détaille encore Justine Jankowski.
Cette ruée vers l’étain a conduit à la destruction de 65% des forêts de Bangka. Ainsi qu’au forage des fonds marins au large de l’île, nouveau terrain d’extraction de PT Timah, entreprise publique indonésienne, soucieuse de maintenir sa production, la plus grosse du monde, qui fournit entre autres Apple et Samsung. Selon les ONG locales, les rejets de sable inhérents à cette activité en mer ont déjà étouffé 60% du récif coralien et les poissons qui y vivaient. « C’est l’endroit où les pilleurs risquent le plus leur vie, précise notre reporter. Certains plongent au fond de l’eau depuis vingt ans et peuvent se retrouver ensevelis sous les mouvements de sable. Là, il y a des morts tous les mois. C’est impossible de les dénombrer. »