En France, 8 communes sur 10 sont touchées par le trafic de drogue, selon la Cour des comptes.
Des quartiers et des résidences se retrouvent entièrement gangrénées par les dealers.
Regardez l’exemple de Grenoble où s’est rendu le JT de TF1.
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Le 20H
Dans un quartier de Grenoble (Isère) où le trafic de drogue est implanté, si l’on s’adresse aux habitants sur la présence des dealers, les réponses sont souvent les mêmes : « Non, je ne parle pas de ça », « je suis au courant de rien »... Personne ne veut parler des pressions exercées par les trafiquants.
Des gens qui approvisionnaient le trafic me proposaient des enceintes sophistiquées ou des choses comme ça
Des gens qui approvisionnaient le trafic me proposaient des enceintes sophistiquées ou des choses comme ça
Un habitant d’un quartier de Grenoble
Malgré tout, après plusieurs jours de recherche, les journalistes de TF1 ont obtenu la confiance d’un habitant. Il vit dans un quartier au cœur du trafic depuis plus de 10 ans. Pour sa protection, il a été décidé de le rencontrer loin de son domicile. Il évoque la cohabitation avec les dealers, expliquant avoir déjà reçu des propositions de cadeaux. « Des gens qui approvisionnaient le trafic me proposaient des enceintes sophistiquées ou des choses comme ça. Pour qu’ensuite, je puisse rendre service, j’imagine », raconte-t-il dans la vidéo ci-dessus. « Ils espèrent pouvoir avoir un lieu tranquille pour stocker », ajoute-t-il.
À chaque fois, il refuse les sollicitations. Mais il y a quelques jours, la situation est devenue plus compliquée. Il est chez lui lorsqu’il entend du bruit sur son balcon. « Je sors et je me retrouve nez à nez avec cinq individus. Ils cachaient de la drogue sous les dalles de mon balcon », lance-t-il. Il leur demande de partir. Les jeunes quittent les lieux. Toutefois, cette intrusion a laissé des traces et le pousse aujourd’hui à vouloir quitter son quartier. « Qu’est-ce qu’on fait avec des gens qui reviennent chez vous ? Soit on s’écrase, soit on réagit. Et si on réagit, je n’ai pas envie que ça me mène au tribunal. C’est évident qu’on se sent seul. C’est certain même », affirme-t-il.
La cible des dealers : des personnes seules, âgées ou vulnérables
Selon nos informations, les occupations illégales de logements par des trafiquants seraient de plus en plus fréquentes. Avec la multiplication des points de deal, les réseaux ont un besoin croissant de zones sécurisées pour cacher la drogue, des nourrices dans le jargon policier. « Si le réseau n’a aucun lien avec cette personne établie, s’il n’y a aucun lien de parenté, de filiation, de proximité, ça permet de la rendre invisible et de garantir une certaine sécurité du produit », explique Brice Gajean, délégué syndical, SGP Police Isère. La cible des dealers, ce sont souvent des personnes seules, âgées ou vulnérables. Julie Martin est la directrice de la Confédération syndicale des familles de l’Isère. Selon elle, lorsqu’un foyer subit les pressions du réseau, il n’existe qu’une seule solution. « C’est déménager. C’est les sortir au moins du quartier. Pour ces personnes-là, la seule solution, c’est de fuir », assure-t-elle. Et en général, c’est ce qui se passe.
Comme le JT de TF1 le montrait dans un reportage en septembre dernier, à Échirolles, dans la métropole de Grenoble, des trafiquants, avaient été délogés d’un appartement qu’ils squattaient. Mais quelques heures plus tard, ce point de deal était de nouveau actif. La maire de la ville, Amandine Demore, se sent démunie. « Je me bats pour qu’on retrouve une police de proximité en nombre. C’est pour ça qu’on réclame sur Échirolles un commissariat de plein exercice. Parce que oui, ce genre de situation, c’est extrêmement compliqué après de s’en extirper parce que les dealers, eux, restent là », explique-t-elle. L’immeuble concerné est toujours en travaux. Une palissade et des barbelés en empêchent l’accès. Les habitants, eux, ont été relogés.